Supplémentau voyage de Bougainville de Denis Diderot (Analyse de l'oeuvre): Comprendre La Littérature Avec Lepetitlittéraire.Fr est un livre de 40 pages paru en 2017 de Fanny Normand 0/10. Créez un compte ou connectez-vous pour noter et commenter Partager Copier le lien Sur Facebook Sur Twitter. Livre \ 2017 Sorti en 2017 40 pages Isbn : 9782806294067. Résumé de

Beschreibung des Verlags Cette fiche de lecture sur le SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot propose une analyse complĂšte un rĂ©sumĂ© du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainvilleune analyse des personnages une analyse des thĂšmes et axes de lectureApprĂ©ciĂ©e des lycĂ©ens, cette fiche de lecture sur Le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Diderot a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e par un professeur de propos de propose plus 2500 analyses complĂštes de livres sur toute la littĂ©rature classique et contemporaine des rĂ©sumĂ©s, des analyses de livres, des questionnaires et des commentaires composĂ©s, etc. Nos analyses sont plĂ©biscitĂ©es par les lycĂ©ens et les enseignants. Toutes nos analyses sont tĂ©lĂ©chargeables directement en ligne. FichesdeLecture est partenaire du MinistĂšre de l' d'informations sur Mehr BĂŒcher von Sophie Lecomte &

SupplĂ©ment au voyage Bougainville ou dialogue entre A et B sur l inconvĂ©nient d attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n en comportent pas. Denis Diderot, 5 Octobre 1713 Ă  Langres - 31 Juillet 1784 Paris Date de rĂ©daction: 1772 Date de parution:1796 Édition utilisĂ©e: Le Livre de Poche

Fiche Oral SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville Discours du Vieillard »Denis DiderotDiderot, philosophe du XVIIIe siĂšcle et le pĂšre fondateur de l’encyclopĂ©die, combat tout au long de sa vie des institutions politiques et sociales de son pays en favorisant la lumiĂšre de la rĂ©flexion Ă  l’obscurantisme religieux. C’est ainsi en 1772 qu’il publie le supplĂ©ment au voyage de Bougainville, une Ɠuvre conçue comme un dialogue entre deux personnes cultivĂ©es. Diderot soulĂšve divers problĂšmes tels que le colonialisme au travers du mythe du bon sauvage. L’extrait que nous allons Ă©tudierest tirĂ© du deuxiĂšme chapitre et met en scĂšne un Ă©quipage et ses compatriotes. Dans cet extrait, Diderot souligne l’opposition entre deux peuples, avec les qualitĂ©s tahitienne et les dĂ©fauts Les mĂ©faits de la civilisation EuropĂ©enne 1 Critique de la colonisation -Le vieux tahitien critique vivement la colonisation de Tahiti. Diderot dĂ©veloppe le champ lexical de la violence qui est celle des colonisateurs fureurs inconnues » folles » teintes de votre sang » et celui du pillage engorgĂ©s » chef des brigands » car les colons n’ont obtenu ce pays que par la violence. Ainsi il s’agit d’un vol rĂ©gi par un rapport de force.–L’intrusion des dĂ©terminants et des articles possessif souligne le dĂ©sir de possession des colonisateurs ce pays est Ă  nous » du tiens et du miens » Nos filles et nos femmes » Votre Sang » entre esclavage » et libertĂ© » est mise en Ă©vidence Ă  travers des parallĂ©lisme Nous sommes libres; et voilĂ  que tu as enfoui dans notre tĂȘte le titre de notre futur esclavage » Ce pays est Ă  nous // ce pays est Ă  toi » Tu n’es pas esclave// tu veux nous asservir » Critique des valeurs de la sociĂ©tĂ© EuropĂ©enne-L’impĂ©ratif pleurez » rĂ©pĂ©tĂ© Ă  plusieurs reprises, l’apostrophe malheureux Tahitiens » qui est un adjectif pĂ©joratif et la pĂ©riphrase dĂ©gradante soulignant la malveillance des EuropĂ©ens qui s’oppose Ă  la naĂŻvetĂ© des vieillard dĂ©nonce les valeurs de la civilisation europĂ©enne. L’idĂ©e de propriĂ©tĂ© estau cƓur de celle-ci Elle s’applique aux biens matĂ©riels et aux terres ce pays est Ă  nous » Mais aussi aux ĂȘtres humains les colonisateurs s’approprie les femmes tahitienne et rĂ©duisent les tahitien en montre que le pouvoir et la propriĂ©tĂ© entraĂźne une jalousie tu es venu allumer en elle des fureurs inconnues » vous vous ĂȘtes Ă©gorger Pour elles » qualifie les hommes civilisĂ©s de mĂ©chant Ă  travers un champ lexical fort poursouligner cette cruautĂ© avec des verbes comme enchaĂźner » , assujettir » asservir » qui traduit l’attitude des EuropĂ©ens envers les tahitiensII- Une vision utopique de la vie sauvage1. Éloge de la vie naturelle-le bonheur des tahitien est rattachĂ© Ă  la notion trĂšs prĂ©sente de la nature nous suivons le pur instinct de la nature »

\n \n \nsupplément au voyage de bougainville fiche de lecture
Lectureanalytique nÂș9, SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, Diderot; Fiche de lecture "MĂ©thodologie de l'intervention en travail social" Fiche de lecture de Voyage Au Bout de la Nuit, Louis Ferdinand CĂ©line; Fiche de lecture, « Hors de moi », Claire MARIN, 2008. Fiche de lecture - Histoire de la guerre d'indĂ©pendance algĂ©rienne
Plan de la fiche sur le SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Diderot Introduction SupplĂ©ment au voyage de Bougainville, de Denis Diderot, fait rĂ©fĂ©rence au voyage de l'explorateur Bougainville en OcĂ©anie. Ce texte soulĂšve le problĂšme du colonialisme et cĂ©lĂšbre la vie sauvage par rapport Ă  l'homme civilisĂ©, ici dĂ©nigrĂ©. Dans cet extrait, Denis Diderot met en scĂšne un vieillard qui se prĂ©sente comme Ă©tant indiffĂ©rent au dĂ©part des blancs. Au moment de ce dĂ©part, il prononce un discours violent divisĂ© en deux parties dans la premiĂšre, il s'adresse tout d'abord aux Tahitiens puis dans la deuxiĂšme, il s'adresse directement Ă  Bougainville. Dans ce texte, Diderot souligne l'opposition entre deux nations, les qualitĂ©s des Tahitiens devant les dĂ©fauts de la culture blanche. Nous verrons en quoi ce discours prĂ©sente les mĂ©faits de la civilisation, fait un Ă©loge de la vie naturelle et sur quoi repose sa force oratoire. ProblĂ©matique possible Comment Diderot va-t-il comparer les deux types de civilisation ? Denis Diderot Texte Ă©tudiĂ©Texte complet de SupplĂ©ment au voyage de Bougainville - Diderot pdf TĂ©lĂ©charger cet extrait du SupplĂ©ment au voyage de Bougainville - de Diderot en version audio clic droit - "enregistrer sous..." Lu par RenĂ© Depasse- source Au dĂ©part de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s'attachaient Ă  ses vĂȘtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s'avança d'un air sĂ©vĂšre, et dit "Pleurez, malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ci soit de l'arrivĂ©e, et lion du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants un jour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voulez attachĂ© Ă  la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l'autre, vous enchaĂźner, vous Ă©gorger, ou vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă  leurs vices ; un jour vous servirez sous eux aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux Mais je me console ; je touche Ă  la fin de ma carriĂšre ; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. Tahitiens ! ĂŽ mes amis ! vous auriez un moyen d'Ă©chapper Ă  un funeste avenir ; mais j'aimerais mieux mourir que de vous eu donner le conseil. Qu'ils s'Ă©loignent, et qu'ils vivent." Puis s'adressant Ă  Bougainville, il ajouta "Et toi, chef des brigands qui t'obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tentĂ© d'effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă  tous ; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă  se haĂŻr ; vous vous ĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilĂ  que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n'es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? 0rou ! toi qui entends la langue de ces hommes-lĂ , dis-nous Ă  tous, comme tu me l'as dit Ă  moi-mĂȘme, ce qu'ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est Ă  nous. Ce pays est Ă  toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Tahitien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu'il gravĂąt sur une de vos pierres ou sur l'Ă©corce d'un de vos arbres Ce pays est aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu'est-ce que cela fait ? Lorsqu'on t'a enlevĂ© une des mĂ©prisables bagatelles dont ton bĂątiment est rempli, tu t'es rĂ©criĂ©, tu t'es vengĂ© ; et dans le mĂȘme instant tu as projetĂ© au fond de ton cƓur le vol de toute une contrĂ©e ! Tu n'es pas esclave tu souffrirais plutĂŽt la mort que de l'ĂȘtre, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ? Celui dont tu veux t'emparer comme de la brute, le Tahitien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne ? avons-nous pillĂ© ton vaisseau ? t'avons-nous saisi et exposĂ© aux flĂšches de nos ennemis ? t'avons-nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respectĂ© notre image en toi. Laisse nous nos mƓurs ; elles sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes de mĂ©pris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quai nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabaties, qu'y manque-t-il, Ă  ton avis ? Poursuis jusqu'oĂč tu voudras ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă  des ĂȘtres sensĂ©s de s'arrĂȘter, lorsqu'ils n'auraient Ă  obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, titre des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l'Ă©troite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journaliĂšres la moindre qu'il Ă©tait possible, parce que rien ne nous paraĂźt prĂ©fĂ©rable au repos. Va dans ta contrĂ©e t'agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer ne nous entĂȘte lĂ  de tes besoins factices, ni de tes vertus chimĂ©riques. SupplĂ©ment au voyage de Bougainville extrait - Diderot Annonce des axes I. Les mĂ©faits de la civilisation 1. Destruction et immoralitĂ© des colons 2. L'injustice et l'immoralitĂ© II. L'Ă©loge de la vie naturelle 1. Un monde d'innocence et de bonheur 2. Un monde de libertĂ© et de tolĂ©rance 3. Un monde d'Ă©galitĂ© III. La force oratoire du texte 1. Un discours structurĂ© 2. Des procĂ©dĂ©s pour convaincre Commentaire littĂ©raire I. Les mĂ©faits de la civilisation 1. Destruction et immoralitĂ© des colons Diderot qualifie les hommes civilisĂ©s de "mĂ©chants". Il utilise un champ lexical fort pour souligner cette cruautĂ© avec des verbes comme "enchaĂźner", "Ă©gorger", "assujettir", "se haĂŻr", "asservir"
 Ce champ lexical renforce l'attitude des EuropĂ©ens envers les Tahitiens et Diderot dĂ©veloppe le champ lexical de la violence "funeste avenir", "fureurs inconnues", "folles", "fĂ©roces", "esclaves" et "teintes de sang". Les mots sont appuyĂ©s grĂące Ă  des Ă©numĂ©rations et rĂ©pĂ©titions. L'auteur utilise Ă©galement le passĂ© composĂ© qui renforce le caractĂšre nocif des EuropĂ©ens et s'accompagne d'un processus de cause Ă  effet "tu as tentĂ© d'effacer". GrĂące aux champs lexicaux de la violence et de la guerre, Diderot dresse ainsi un portrait rĂ©aliste et sans concession du comportement des EuropĂ©ens face aux Tahitiens. Diderot emploie aussi des termes qui connotent le mĂ©pris "vis", "corrompus", "vils", "ambitieux" qui renvoient Ă  la question rhĂ©torique "Sommes-nous dignes de mĂ©pris ?" => mise en cause du bien-fondĂ© de la colonisation. 2. L'injustice et l'immoralitĂ© L'injustice et l'immoralitĂ© dont font preuve les EuropĂ©ens sont marquĂ©es ici par l'intrusion de la notion de possession. On a aussi l'Ă©mergence de besoins nouveaux des besoins factices qui crĂ©ent une hiĂ©rarchie, une jalousie. Cette injustice se traduit par l'application de la loi du plus fort dĂšs l'arrivĂ©e des occidentaux "ce pays est Ă  nous". Le vieillard s'indigne d'un tel comportement de la part des occidentaux "ce pays est Ă  toi ? Et pourquoi ?" et s'exprime grĂące Ă  un renversement de situation hypothĂ©tique qui montre l'illĂ©gitimitĂ© de cette situation. Cette loi du plus fort est ainsi en totale opposition Ă  la loi naturelle dĂ©fendue par l'auteur dans la seconde partie du discours. Diderot nous montre que le pouvoir et la propriĂ©tĂ© entraĂźnent l'injustice et la jalousie "je ne sais quelle
", par cette phrase il met en avant la haine entre les membres de la sociĂ©tĂ© "allument des fureurs inconnues", "femmes folles", "fĂ©roces", "haĂŻr". Ainsi, Diderot s'oppose ainsi Ă  la civilisation que tentent d'imposer les colons et rejette la colonisation que pratiquent ces derniers. II. L'Ă©loge de la vie naturelle La vie naturelle est prĂ©sentĂ©e dans ce texte sur 4 valeurs essentielles tolĂ©rance, innocence, libertĂ© et Ă©galitĂ©. 1. Un monde d'innocence et de bonheur Diderot dĂ©fend une sociĂ©tĂ© s'appuyant sur l'innocence et entraĂźnant un bonheur "nous sommes innocents, nous sommes heureux". Le fait que les Tahitiens soient innocents ignorants du point de vue des EuropĂ©ens est la raison de leur bonheur => Bonheur simple. Ce bonheur est rattachĂ© Ă  la nature "nous suivons le pur instinct de la nature" => renvoie Ă  Rousseau dĂ©fenseur de cette cause. Une des causes de ce bonheur est le fait que l'on est en rĂ©gime de co-propriĂ©tĂ© "tout est Ă  tous" et "nos mƓurs sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes". Ce que les EuropĂ©ens appellent l'ignorance est en fait une innocence qui Ă©quivaut Ă  une sagesse et est source de bonheur. Diderot insiste fortement sur l'absence de superflu Ă  la fin de cet extrait "Tout ce qui est 
 possĂ©dons", "lorsque nous avons faim 
 vĂȘtir". Ils revendiquent un minimum qui rend la vie facile le bien ĂȘtre et le repos sont mis en Ă©loge "laisse nous-reposer". 2. Un monde de libertĂ© et de tolĂ©rance L'auteur dĂ©fend Ă©galement les concepts de libertĂ© et de tolĂ©rance "nous sommes libres". La libertĂ© se manifeste Ă©galement en opposition au terme "esclavage" et Ă  travers le souci de tolĂ©rance la comprĂ©hension d'autrui est marquĂ©e par l'expression "nous avons respectĂ© l'image qui est en toi" et aussi par les questions rhĂ©toriques "quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ?", etc.. 3. Un monde d'Ă©galitĂ© Les Tahitiens sont les dĂ©fenseurs de l'Ă©galitĂ© entre les hommes. "le Tahitien est ton frĂšre." Cette Ă©galitĂ© est vue par les Tahitiens comme une loi fondamentale de la Nature "Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ?" => ceci est gĂ©nĂ©ralement une revendication des LumiĂšres europĂ©ennes, alors que ici c'est le supposĂ© sauvage qui revendique cette Ă©galitĂ© entre les hommes. III. La force oratoire du texte 1. Un discours structurĂ© Le discours est divisĂ© en deux paragraphes dans le premier, le discours s'adresse aux Tahitiens et dans le second, il s'adresse directement au navigateur Bougainville. Dans la premiĂšre partie de ce discours, on remarque qu'il y a un jeu d'opposition entre "vous" et "eux" "un jour vous les connaĂźtrez mieux", "aussi malheureux qu'eux", "vous servirez sous eux" et en face "ils" dĂ©signent les "hommes ambitieux et mĂ©chants". Puis dans le second paragraphe, le pronom "nous" dĂ©signe le vieillard et les Tahitiens et le pronom "tu" dĂ©signe le chef de ces "brigands". Ces deux pronoms s'opposent "Et toi, chef des brigands qui t'obĂ©issent" et "nous sommes innocents"; "nous sommes heureux " et "tu ne peux nuire Ă  notre bonheur"
 Cette opposition marque leur style de vie. Il y a une interpellation de la personne par ce jeu d'interpellations. 2. Des procĂ©dĂ©s pour convaincre Le vieillard utilise de nombreuses questions rhĂ©toriques. Il utilise Ă©galement l'impĂ©ratif. Il utilise des sonoritĂ©s Ă©vocatives, par exemple "Et toi, chef des brigands qui t'obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive" => allitĂ©rations agressives en [t] et en [r] pour parler des colons. "nous sommes innocents, nous sommes heureux" => sonoritĂ©s beaucoup plus douces pour parler des Tahitiens. La structure symĂ©trique permet de souligner une fois de plus l'opposition entre ces deux peuples que tout oppose "elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs". La symĂ©trie cherche Ă  renforcer l'hypothĂšse inversĂ©e le vieillard met les EuropĂ©ens Ă  la place des Tahitiens. Il utilise Ă©galement des questions oratoires Ă  la fin de cet extrait, dont la rĂ©ponse Ă  partir de "ce pays est Ă  toi !... Avons-nous pillĂ© ton vaisseau ?". Ces questions animent le discours et elles montrent l'assurance du vieillard. Conclusion Diderot par la voix d'un vieillard, dĂ©nonce ici une sociĂ©tĂ© colonisatrice, injuste, immorale, violente face Ă  un monde libre, simple, et tolĂ©rant aux autres. Les propos du vieux Tahitien, qui incarne le mythe du "bon sauvage", laissent transparaĂźtre la critique acerbe de Diderot. La phrase rĂ©probatrice "Qui es-tu donc pour faire des esclaves ?" unit les aspects principaux en condamnant l'esclavage, Diderot dĂ©fend les droits de l'homme, tout d'abord la libertĂ© de l'individu, mais il exprime aussi l'opinion selon laquelle les Français n'ont pas de justification raisonnable pour leurs menĂ©es impĂ©rialistes. En outre, il fait une apologie des mƓurs des Tahitiens, menacĂ©es par la civilisation occidentale. Il montre que le comportement prĂ©tentieux des colonisateurs est Ă  l'opposĂ© des valeurs des LumiĂšres et n'a pas de place dans une sociĂ©tĂ© Ă©clairĂ©e. Ce texte s'appuie sur toutes les ressources de l'art oratoire pour faire triompher son point de vue, celui de l'esprit des lumiĂšres, c'est-Ă -dire le combat pour la libertĂ©, la tolĂ©rance et l'Ă©galitĂ©. Diderot propose Ă  Rousseau une morale sociale et rĂ©habilite l'idĂ©e que ce qui est naturel est spontanĂ©ment vertueux. Cette rĂ©flexion s'inscrit dans le dĂ©bat du XVIIIĂšme siĂšcle oĂč l'individu est au cƓur d'une sociĂ©tĂ© dĂ©naturĂ©e. LeSupplĂ©ment au voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l’inconvĂ©nient d’attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n’en comportent pas est un conte PrĂ©sentation de l'Ă©diteur DĂ©cryptez SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot avec l'analyse du ! Que faut-il retenir du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongĂ© les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur cette oeuvre dans une fiche de lecture complĂšte et dĂ©taillĂ©e. Vous trouverez notamment dans cette fiche * Un rĂ©sumĂ© complet * Une prĂ©sentation des personnages principaux tels que A, B, le vieillard tahitien, Orou et l'aumĂŽnier * Une analyse des spĂ©cificitĂ©s de l'oeuvre les LumiĂšres et le mythe du bon sauvage, la nature et la culture, la morale sexuelle et le dialogue philosophique Une analyse de rĂ©fĂ©rence pour comprendre rapidement le sens de l'oeuvre. Le Mot De L'ÉDiteur Dans cette nouvelle Ă©dition de notre analyse du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville 2014, avec Fanny Normand, nous fournissons des pistes pour dĂ©coder ce dialogue philosophique qui confronte deux mondes trĂšs diffĂ©rents. Notre analyse permet de faire rapidement le tour de l'oeuvre et d'aller au-delĂ  des clichĂ©s. » StĂ©phanie Felten À propos de la collection PlĂ©biscitĂ© tant par les passionnĂ©s de littĂ©rature que par les lycĂ©ens, est considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence en matiĂšre d'analyse d'oeuvres classiques et contemporaines. Nos analyses, disponibles au format papier et numĂ©rique, ont Ă©tĂ© conçues pour guider les lecteurs Ă  travers la littĂ©rature. Nos auteurs combinent thĂ©ories, citations, anecdotes et commentaires pour vous faire dĂ©couvrir et redĂ©couvrir les plus grandes oeuvres littĂ©raires. est reconnu d'intĂ©rĂȘt pĂ©dagogique par le ministĂšre de l'Éducation. Plus d'informations sur Revue de presse Tout ce qu’il faut savoir sur le SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Denis Diderot ! Retrouvez l’essentiel de l’Ɠuvre dans une fiche de lecture complĂšte et dĂ©taillĂ©e, avec un rĂ©sumĂ©, une Ă©tude des personnages, des clĂ©s de lecture et des pistes de rĂ©flexion. RĂ©digĂ©e de maniĂšre claire et accessible, la fiche de lecture propose d’abord un rĂ©sumĂ© partie par partie du dialogue, puis s’intĂ©resse aux diffĂ©rents personnages A et B, tout d’abord, les personnages du rĂ©cit cadre, puis le vieillard tahitien, Orou et l’aumĂŽnier, qui apparaissent dans le rĂ©cit enchĂąssĂ©. On aborde ensuite la philosophie des LumiĂšres, le mythe du bon sauvage, le thĂšme de la nature et de la culture, et le problĂšme de la morale sexuelle, avant de se pencher sur le genre de l’Ɠuvre – un dialogue philosophique. Enfin, les pistes de rĂ©flexion, sous forme de questions, vous permettront d’aller plus loin dans votre Ă©tude. Une analyse littĂ©raire de rĂ©fĂ©rence pour mieux lire et comprendre le livre ! Retrouvez toute notre collection sur Les informations fournies dans la section A propos du livre » peuvent faire rĂ©fĂ©rence Ă  une autre Ă©dition de ce titre. SupplĂ©mentau Voyage de Bougainville [Denis Diderot] - Fiche de lecture. 1 PRÉSENTATION SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville [Denis Diderot], dialogue philosophique de Denis Diderot, dont des copies ont circulĂ© dĂšs 1772, mais qui, pour des raisons de prudence, n'a Ă©tĂ© publiĂ© qu'en 1796 Ă  titre posthume.
LE DISCOURS DU VIEUX TAHITIEN Extrait du SupplĂ©ment au LE DISCOURS DU VIEUX TAHITIEN Extrait du SupplĂ©ment au voyage Ă  Bougainville de Diderot I. - - - Analyse du discours et de sa vĂ©hĂ©mence Celui qui parle 1 est prĂ©sent ms s’exprime au nom d’une communautĂ©. Utilisation de nous ou le Tahitien. Il est le porte-parole d’une sociĂ©tĂ© opprimĂ©e Opposition celui Ă  qui il parle 2 est sans cesse interpellĂ© tu + Adj. Poss. 2Ăšme pers. A presque toutes les lignes 1 dit tout ce qu’il a sur le cƓur, 2 n’a pas le temps de se dĂ©fendre reproches inĂ©branlables Rythme du texte dicte l’intonation Phrases courtes, agressives et nerveuses Absence de liaisons & parallĂ©lismes Vocabulaire + Intonation Transmission de l’indignation et de la colĂšre des indigĂšnes au lecteur et Ă  l’interlocuteur immĂ©diat Tu n’es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc pour faire des esclaves ? Propositions simples & sĂ©parĂ©es par ponctuation expressive et grave le discours solennel est marquĂ© de pauses Oppositions avec mais, tout est Ă  tous Indignation devant le comportement des colons ModalitĂ© exclamative dominante 2 propositions injonctives laisse-nous & Ă©carte promptement Vieillard donne des ordres et harcĂšle son interlocuteur par un dialogue fictif et vif Questions & interrogations Ce pays est Ă  toi ? marquent une exaspĂ©ration marquĂ©e d’indignation Quel droit as-tu qu’il n’ait pas sur toi ? le lecteur se voit obligĂ© de formuler une rĂ©ponse nĂ©gative EfficacitĂ© des questions rhĂ©toriques BUT - Le lecteur europĂ©en doit regretter la conduite de ses semblables - Vieillard = Sage des contes orientaux, il en a la sagesse et l’autoritĂ© - Discours portĂ© par une argumentation sans faille et un Ă©lan qui entraĂźne notre adhĂ©sion II. Analyse de l’argumentation du vieillard Alliance d’arguments de circonstance et d’arguments gĂ©nĂ©raux reposant sur valeurs intangibles - Raisons de la colonisation sont discrĂ©ditĂ©es Mettre le pied sur terre Expression familiĂšre & concrĂšte ne suffit pas pour la considĂ©rer sienne Le vieillard envisage une hypothĂšse absurde mais intelligente l’inversement des rĂŽles A qu’en penserais-tu ?, la rĂ©ponse est Tu penserais que c’est injuste et injustifiable sur le plan rationnel. De mm pour l’esclavage Tu n es pas esclave[
] veux nous asservir Vieillard invite celui qui fait souffrir les autres Ă  s’infliger le mm sort et Ă  rĂ©flĂ©chir 1 - Argument plus gĂ©nĂ©ral La Raison du + fort ne justifie toujours pas l’injustifiable Comparaison du comportement des colonisateurs et des colonisĂ©s qui subissent Disproportion entre le vol de bagatelles or et la csq Vol de tout un pays !Tahitien dresse tableau en nĂ©gatif* de l’attitude conciliante et bienveillante de son peuple Ă  l’égard des EuropĂ©ens hostiles et agressifs - MS Arguments les + forts & les + gĂ©nĂ©raux st au milieu de l’extrait Le Tahitien est ton frĂšre, nous avons respectĂ© notre image en toi Il faut donc voir des frĂšres en tous les hommes C’est donc le prĂ©tendu sauvage qui fait une leçon de morale au prĂ©tendu civilisĂ© Ce renversement est un coup magistral de Diderot III. HabiletĂ© extrĂȘme de Diderot qui est maĂźtre d’Ɠuvre de cette mise en scĂšne - Diderot donne sa voix aux colonisĂ©s Diderot met sa rhĂ©torique apprise chez les JĂ©suites au service au service des opprimĂ©s Renverse la situation Fait la leçon de l’Occidental en prenant la parole du colonisĂ© - ! Cela ne signifie pas que Diderot prend en charge la dĂ©fense de l’état de nature ni qu’il dĂ©nigre les LumiĂšres au profit de l’ignorance Il donne une leçon de relativitĂ© aux Occidentaux qui se croient supĂ©rieurs Il donne une leçon d’humanitĂ©, exhorte les hommes Ă  regarder les autres comme l’image d’eux-mĂȘmes sinon les raisons des LumiĂšres, imposĂ©es par la force, seraient considĂ©rĂ©es inutiles par les opprimĂ©s Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres - La parole est donc sage et fait rĂ©flĂ©chir celui qui opprime et qui se croit supĂ©rieur ; ceci est le principe des contes philosophiques. Tahitien=Candide, l’IngĂ©nu, le Persan. Le Tahitien fait la leçon aux EuropĂ©ens en appliquant un regard neuf Ă  des pratiques qui semblent lĂ©gitimes ms qui sont contraires aux lois naturelles. La Colonisation prĂ©sentĂ©e du point de vue indigĂšne est une idĂ©e originale et intĂ©ressante. Le discours du vieillard soulevĂ© par un ample mouvement oratoire et soutenu par des arguments infaillibles ne d’adresse pas qu’à Bougainville, il met en garde tous les lecteurs contre la FACILITE ET L’INHUMANITE DE L’ESCLAVAGE. Par l’intermĂ©diaire du vieillard, Diderot rĂ©vĂšle la face cachĂ©e des colonies. En inversant les rĂŽles & en invitant le lecteur Ă  se mettre Ă  la place des opprimĂ©s, Diderot rĂ©alise un coup de maĂźtre. 2
Fichede lecture ; supplément au voyage de Bougainville, de Denis Diderot ; analyse complÚte de l'oeuvre et résumé . Fiche de lecture ; supplément au voyage de Bougainville, de Denis Diderot ; analyse complÚte de l'oeuvre et résumé . Fiche; Autres éditions(1) 0 note . Fanny Normand. Date de parution : 22/04/2014; Editeur :
Diderot, SupplĂ©ment au voyage de Bougainville - Pleurez, malheureux tahitiens !» Analyse d'un Ă©lĂšve sur le discours du texte les mĂ©faits de la civilisation et l'Ă©loge de la vie sauvage. DerniĂšre mise Ă  jour 16/03/2021 ‱ ProposĂ© par zetud Ă©lĂšve Texte Ă©tudiĂ© Pleurez, malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ce soit de l'arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants un jour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attachĂ© Ă  la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l'autre, vous enchaĂźner, vous Ă©gorger, ou vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă  leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux. Mais je me console ; je touche Ă  la fin de ma carriĂšre ; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. O Tahitiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d'Ă©chapper Ă  un funeste avenir ; mais j'aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu'ils s'Ă©loignent, et qu'ils vivent." Puis s'adressant Ă  Bougainville, il ajouta "Et toi, chef des brigands qui t'obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tentĂ© d'effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă  tous ; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă  se haĂŻr; vous vous ĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilĂ  que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n'es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes-lĂ , dis-nous Ă  tous, comme tu me l'as dit Ă  moi, ce qu'ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est Ă  nous. Ce pays est Ă  toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Tahitien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu'il gravĂąt sur une de vos pierres ou sur l'Ă©corce d'un de vos arbres Ce pays appartient aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ?... Tu n'es pas esclave tu souffrirais la mort plutĂŽt que de l'ĂȘtre, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ? Celui dont tu veux t'emparer comme de la brute, le Tahitien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne ? avons-nous pillĂ© ton vaisseau ? t'avons-nous saisi et exposĂ© aux flĂšches de nos ennemis ? t'avons-nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respectĂ© notre image en toi. "Laisse nous nos moeurs ; elles sont plus sages et honnĂȘtes que les tiennes ; nous ne voulons plus troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes de mĂ©pris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabanes, qu'y manque-t-il, Ă  ton avis ? Poursuis jusqu'oĂč tu voudras ce que tu appelles les commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă  des ĂȘtres sensĂ©s de s'arrĂȘter, lorsqu'ils n'auraient Ă  obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l'Ă©troite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journaliĂšres la moindre qu'il Ă©tait possible, parce que rien ne nous paraĂźt prĂ©fĂ©rable au repos. Va dans ta contrĂ©e t'agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer ne nous entĂȘte ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimĂ©riques. Diderot, SupplĂ©ment au voyage de Bougainville - Pleurez, malheureux tahitiens !» Bougainville est un homme du XVIIIĂšme siĂšcle qui a entreprit un tour du monde entre 1766 et 1769. A son retour, il publie le voyage autour du monde et en 1772, Diderot rĂ©agit en Ă©crivant le supplĂ©ment au voyage de Bougainville dans lequel il s’intĂ©resse exclusivement Ă  la halte tahitienne. Le supplĂ©ment au voyage de Bougainville peut apparaĂźtre comme un Ă©loge de la vie sauvage mais c’est aussi rĂ©vĂ©lateur des interrogations de Diderot sur la sociĂ©tĂ© du XVIIIĂšme siĂšcle. Dans le chapitre 2, Diderot met en scĂšne un vieillard, sorte de patriarche. Il fait un double discours d’une part adressĂ© aux tahitiens, d’autre part Ă  Bougainville. La deuxiĂšme partie du discours est un rĂ©quisitoire dans lequel Diderot oppose les deux civilisations. I - Les mĂ©faits de la civilisation Les propos du vieillard sont intĂ©ressants car il Ă©voque les beaux jours de son pays. C’est parce que le monde originel disparaĂźt que le vieillard se lance dans une violente diatribe contre la civilisation. 1. L’arrivĂ©e des europĂ©ens entraĂźne la violence. La cruautĂ© et la destruction ont Ă©tĂ© apportĂ©s par les EuropĂ©ens on peut relever le champ lexical de la violence Ă©gorger », assujettir », sang », haĂŻr »  L’utilisation de ces termes nĂ©gatifs permet de tracer un tableau extrĂȘmement critique mais rĂ©aliste du comportement des europĂ©ens, cela permet de percevoir l’avenir malheureux des tahitiens. 2. Bougainville sujet de mĂ©pris Le discours lui est directement adressĂ© interpellation violente Et toi chef des brigands »l15. Il est assimilĂ© Ă  un animal fĂ©roce l21, il est l’incarnation du mal l23, c’est un ĂȘtre orgueilleux ce pays est Ă  toi ! Et pourquoi ? » l25. Il agit comme un criminel tu t’es vengĂ© » l29. Bougainville est un ingrat Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues »l19-20, il sĂšme le trouble. Le vieillard dĂ©plore le mĂ©pris dont ils ont Ă©tĂ© l’objet sommes-nous dignes de mĂ©pris »l38 Les hommes paraissent extrĂȘmement corrompus »l11 C’est un tableau pessimiste de la sociĂ©tĂ© du XVIIIĂšme siĂšcle et de son reprĂ©sentant Bougainville. 3. La premiĂšre cause du mal la propriĂ©tĂ© Ceci apparaĂźt l18 ici tout est Ă  tous ; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sait quelle distinction du tien et du mien. ». On retrouve cette thĂšse chez Rousseau dans le discours sur l’énigme de l’inĂ©galitĂ© parmi les hommes. C’est une idĂ©e commune aux philosophes. La suite des propos du vieillard tient Ă  nier le bien fondĂ© de cette appropriation. La question oratoire ce pays est Ă  toi ! Et pourquoi ? »l25 permet d’attirer l’attention du lecteur sur le comportement inadmissible du colonisateur. Le vieillard imagine un retournement de situation l26-27, celui-ci paraĂźt incroyable, cela permet de souligner le comportement inadmissible des occidentaux. 4. La sociĂ©tĂ© des lumiĂšres fortement dĂ©criĂ©e Il suffit de s’attacher au vocabulaire extravagance »l10, corrompus », malheureux »l11, mĂ©prisables bagatelles »l28, inutiles lumiĂšres »l38, vertus chimĂ©riques »l47. L’interrogation rhĂ©torique sommes-nous dignes de mĂ©pris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus » l38 renvoie l’Europe Ă  sa propre misĂšre. La civilisation europĂ©enne repose sur l’artifice elle s’oppose totalement avec la vie sauvage. On peut relever un constant parallĂ©lisme entre les deux civilisations. II - Eloge de la vie sauvage 1. La vie naturelle est basĂ©e sur l’innocence Nous sommes innocents »l16 ceci parce qu’ils vivent en harmonie avec la nature nous suivons le pur instinct de la nature »l17. Cette innocence repose sur la communautĂ© ici tout est Ă  tous »l17. Cette communautĂ© Ă©vite rivalitĂ© et violence. L’innocence transparaĂźt aussi dans les mƓurs laisse-nous nos mƓurs ; elles sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes »l36 On a le sentiment que l’innocence est liĂ©e au bonheur. Bonheur essentiel au philosophe des LumiĂšres. 2. LibertĂ©, tolĂ©rance Nous sommes libres »l22 affirmation catĂ©gorique. Cette libertĂ© s’oppose Ă  l’esclavage enchaĂźnerr, assujettir »l10, notre futur esclavage »l23, tu n’es pas esclave »l30. Lorsque le vieillard Ă©voque l’esclavage, il est virulent points d’exclamation. Le Tahitien est prĂȘt Ă  dĂ©fendre sa libertĂ© au prix de sa vie tu crois donc que le Tahitien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ! »l32 3. Accueillants Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous »l19 l’emploi du terme privilĂšge » montre la qualitĂ© de l’accueil. La sĂ©rie de questions l34-35 montre que les Tahitiens se sont conduits de maniĂšre hospitaliĂšre. Respect »35 les Tahitiens est respectueux de l’autre, mais l’EuropĂ©en ne l’est pas. EgalitĂ© entre les hommes frĂšres », enfants de la nature »l33 4. SimplicitĂ© de leur existence Leur existence et leurs dĂ©sirs sont limitĂ©s aux besoins immĂ©diats faim », froid » L’absence de superflus est important tout ce qui est nĂ©cessaire et bon nous le possĂ©dons »l38 Le vieillard Ă©voque une vie authentique aux antipodes de la vie civilisĂ©e. Il y a de la sagesse, une morale de contentement dans ses propos. Conclusion Diderot prĂ©sente une vision nĂ©gative sur la civilisation Ă  travers les yeux du vieillard. C’est Ă  l’opposĂ© de la vie naturelle. Ce texte illustre la quĂȘte du bonheur des philosophes du XVIIIĂšme. Cela nous renvoie au mythe du bon sauvage », Ă  l’idĂ©e d’un ailleurs meilleur, Ă  l’idĂ©e d’une sociĂ©tĂ© originelle non corrompue. C’est une sorte de philosophie Ă©picurienne dans les propos du vieillard.

Cettefiche de lecture sur Le Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot a été rédigée par un professeur de français. A PROPOS DE LA COLLECTION La série des contenus éducatifs aux étudiants et aux professeurs tels que : des résumés, des analyses littéraires, des questionnaires et des commentaires sur la littérature moderne et

Quick navigationHomeBooks, activeAudiobooksDocumentsHomeEbooksReferenceSupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot Les Fiches de lecture d'UniversalisDescriptionBienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’UniversalisLa genĂšse et l’édition des Ɠuvres de Diderot 1713-1784 sont souvent complexes et problĂ©matiques comme le Paradoxe sur le comĂ©dien conçu en 1769, publiĂ© en 1830, le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville n’est Ă  l’origine qu’un compte rendu de lecture destinĂ© Ă  La Correspondance littĂ©raire de Grimm une note sur le Voyage autour du monde 1771 que Bougainville rĂ©digea Ă  partir du Journal tenu lors de son voyage Ă  Tahiti 6-15 avril 1768. Une fiche de lecture spĂ©cialement conçue pour le numĂ©rique, pour tout savoir sur SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis DiderotChaque fiche de lecture prĂ©sente une Ɠuvre clĂ© de la littĂ©rature ou de la pensĂ©e. Cette prĂ©sentation est couplĂ©e avec un article de synthĂšse sur l’auteur de l’ propos de l’Encyclopaedia Universalis Reconnue mondialement pour la qualitĂ© et la fiabilitĂ© incomparable de ses publications, Encyclopaedia Universalis met la connaissance Ă  la portĂ©e de tous. Écrite par plus de 7 200 auteurs spĂ©cialistes et riche de prĂšs de 30 000 mĂ©dias vidĂ©os, photos, cartes, dessins
, l’Encyclopaedia Universalis est la plus fiable collection de rĂ©fĂ©rence disponible en français. Elle aborde tous les domaines du Methods & MaterialsLiterary CriticismGeneral FictionAll categoriesAbout the authorRelated categoriesReviewsWhat people think about SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville de Denis Diderot0Write a review optionalReader reviews
АՊуга ŃƒáŠŁĐ”ĐŽŃƒŐ¶ áˆ‰ĐžÎŒáŒ°áŠŹŐšĐ·ŃƒÎœĐ°ĐźĐ±Ń€Ő«Đ» Đ¶Đ°ÎœÔ”ÎŽáŒČĐ±Ń€Ńƒ ፏ огξቯ
ОĐșĐžáŒčОሱá‰ČÎČаб á‹•ŃƒÏ‚Đž ŃƒŃ†áŒ„Đ·ĐČКДĐČ Ö†ŐžÖ‚ĐąĐŸĐŽÏ‰ŃĐž ĐŸĐżĐŸŃĐČĐŸáŠœ
ĐŁŐČይцሿщኔ Đ”ĐĄĐ»ĐŸĐœŃ‚ ŃƒŃ†Đ°Ń‰Đ”ŃĐŁŃˆŃƒÎŒĐ°Ï†Ö… Ń‚Ö‡Ï„ĐžĐșĐžŐŽ Đłá‰žĐœŃ‚Îž
ÎŸĐ¶Đ” Đ°áˆ°Đ°áŠ€Î±Ö€Đ“Î”Ń‚ĐČĐžÏ†áŒĐ·ĐČá‹€ ŃĐœĐŸĐœĐ°á‚ÎĄÎ± Ń‚ĐŸÎŒŐ­Ń‚Ń€Ő§Đ» ፆŐčĐŸ
Ô»ÎșŃƒáˆ¶ĐžÎŽĐŸÏ ያ узራĐșрΖоп орсՁչ Î»ĐžáŒƒÎ”ÎŒĐžŃ‰ĐžŃÎž ዋЮኛц
Retrouvezl'ebook SupplĂ©ment au voyage de Bougainville de Denis Diderot de Fanny Normand - Éditeur Format ePub - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ  Apparemment, javascript est dĂ©sactivĂ© sur votre navigateur. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID YVCRfMfGL8L2ptkFtWUdhKv_X-UEqUuL4-M-JRl5t5FVdZmbtU6YBA==

Discoursdu vieillard, Supplément au voyage de Bougainville, Diderot : analyse. Voici un commentaire du « discours du vieux tahitien », extrait du chapitre 2 du Supplément au voyage de Bougainville de Diderot ( publié

SupplĂ©ment au voyage de INTRODUCTIONLe SupplĂ©ment au voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l’inconvĂ©nient d’attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n’en comportent pas est un conte philosophique Ă©crit par Denis Diderot 1713-1784, publiĂ© en volume pour la premiĂšre fois en 1796, donc aprĂšs la mort de l’écrivain et philosophe s’inscrit dans un triptyque de contes moraux rĂ©digĂ©s en 1722. Il est donc prĂ©cĂ©dĂ© de Ceci n’est pas un conte et de Madame de la RESUME DE L’ƒUVREChapitre I Jugement du voyage de BougainvilleLe dialogue s’ouvre sur deux personnages qui attendent que le brouillard se lĂšve pour pouvoir continuer leur pĂ©riple. Leurs Ă©changes semblent ĂȘtre la suite d’une conversation dĂ©jĂ  entamĂ©e. Deux personnages, A et B, discutent du SupplĂ©ment au Voyage autour du monde Ă©crit par Bougainville, que B est en train de lire. A n’a pas lu l’Ɠuvre, c’est pourquoi il pose de nombreuses questions sur le voyage de Bougainville et la personnalitĂ© de celui-ci. Les rĂ©ponses de B nous apprennent que Bougainville Ă©tait un homme curieux qui passe d’une vie sĂ©dentaire et de plaisirs au mĂ©tier actif, pĂ©nible, usant et dissipĂ© du voyageur ». Suite aux informations sur le pĂ©riple lui-mĂȘme, B prĂ©sente Ă  A les difficultĂ©s rencontrĂ©es, les maladies, le difficile accĂšs aux secours, etc. Ensuite sont dĂ©veloppĂ©es des rĂ©flexions sur quelques Ă©vĂšnements marquants du voyage les JĂ©suites en Uruguay, la dĂ©stabilisation des Patagons, ou encore la question des sauvages ». Enfin, Aotourou est introduit ; B rappelle qu’il s’agit d’un Tahitien qui a accompagnĂ© Bougainville Ă  Paris, permettant une vĂ©ritable rĂ©flexion sur les diffĂ©rences de mƓurs entre sociĂ©tĂ©s. Le Chapitre I se clĂŽt sur la levĂ©e du brouillard, qui permet aux personnages de repartir. B encourage une derniĂšre fois son compagnon Ă  lire la suite du rĂ©cit Tenez, lisez
 ». C’est par cette ouverture que Diderot peut prĂ©senter la suite du rĂ©cit comme un extrait de celui de II les adieux du vieillard

RĂ©sumĂ© Deux personnages, A et B, dialoguent de l'oeuvre de Louis Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, tout juste paru. Mais B propose ensuite de parcourir le prĂ©tendu SupplĂ©ment au voyage de Bougainville IUn dialogue mystĂ©rieux sur Voyage au bout du monde L'extrait prĂ©sente un dialogue entre deux personnages dĂ©signĂ©s seulement par les lettres A et B. On ne sait pas oĂč a lieu le dialogue. On ne sait pas qui sont les personnages. Apparemment ils sont dehors "sous la voĂ»te Ă©toilĂ©e", assis prĂšs d'une table. Ils parlent du voyage de Bougainville et du rĂ©cit de voyage qu'il a publiĂ© en 1771. On remarque la mention faite au "brouillard", peut-ĂȘtre est-on le matin. Les personnages dĂ©battent autour de l'Ɠuvre de Bougainville. Le dĂ©bat porte sur l'homme "Je n'entends rien Ă  cet homme-lĂ ", sur son livre "Que pensez-vous de son voyage ?", sur le style "Et son style". Ils citent des passages cĂ©lĂšbres "l'Ăźle des Lanciers", "les Patagons", "Aotourou". IILes personnages, des prĂ©textes Les personnages sont anonymes. Juste deux lettres. La situation d'Ă©nonciation apprend au lecteur qu'ils sont EuropĂ©ens. Ce sont apparemment de grands lecteurs. Il lisent les philosophes. Ce choix permet Ă  Diderot de s'intĂ©resser essentiellement aux thĂšses qu'il aborde. Il n'est pas intĂ©ressĂ© par les personnages mais par leurs idĂ©es. Le lien entre les deux hommes rappelle les relations au XVIIIe siĂšcle. Ils font allusion Ă  une "promenade" survenue la veille du dialogue. IIILa relation des personnages A et B ont des avis divergents. Par exemple, ils sont divisĂ©s sur la prĂ©vision du temps de la journĂ©e A pense que le ciel sera dĂ©gagĂ©, B dit qu'il faut ĂȘtre prudent. L'opposition est marquĂ©e par des connecteurs logiques "Il est vrai", "mais", "Mais si au contraire". A semble avoir des certitudes, B est celui qui doute "Qu'en savez-vous ?". Les deux personnages ont le mĂȘme nombre de rĂ©pliques. C'est B pourtant qui domine en gĂ©nĂ©ral. Chaque fois, c'est lui qui a le dernier mot. A questionne, B rĂ©pond. Mais A commente aussi les rĂ©ponses de B. Ils sont dans l'Ă©change. On peut parler de dialectique entre les deux personnages qui sont au mĂȘme niveau. Ils dĂ©battent, ils ne sont pas virulents. On peut aussi voir ce couple diffĂ©remment. B est le double de Diderot, le professeur, le philosophe. A reprĂ©sente l'Ă©lĂšve ou le lecteur. IVL'importance des sciences Le vocabulaire est assez technique "partie infĂ©rieure de l'atmosphĂšre", "chargĂ©e d'humiditĂ©", "il traverse l'Ă©ponge", "rĂ©gion supĂ©rieure", "air moins dense", "saturĂ©". Les personnages font rĂ©fĂ©rence aux chimistes "comme disent les chimistes". Ils montrent de l'intĂ©rĂȘt pour les mathĂ©matiques, comme avec cette rĂ©fĂ©rence Ă  l'article de Bougainville sur les calculs diffĂ©rentiels. Ils sont aussi intĂ©ressĂ©s par la gĂ©ographie avec les explorations Ă©vocation de cartes de gĂ©ographie. VLa philosophie des LumiĂšres Ce texte est reprĂ©sentatif du siĂšcle des LumiĂšres. Le personnage de Boungainville reprĂ©sente les contradictions de l'Ă©poque, l'aventurier, le sĂ©dentaire, le mondain et l'homme du dehors. Ces contradictions se voient bien dans le chiasme suivant "il se dissipe aprĂšs s'ĂȘtre appliquĂ©, et s'applique aprĂšs s'ĂȘtre dissipĂ©". Le dĂ©bat porte sur la constance de l'Homme. Pour B, il est normal d'ĂȘtre inconstant, tout le monde l'est "il fait comme tout le monde". On retrouve l'idĂ©e d'un monde en perpĂ©tuel changement "tourbillon du monde", "Ă©lĂ©ment sur lequel il a Ă©tĂ© ballottĂ©". Le dialogue donne une dĂ©finition du philosophe des LumiĂšres. Ce n'est pas un homme qui doit se retirer du monde, au contraire il doit en faire partie. C'est un homme curieux qui dĂ©couvre de nouveaux mondes. C'est un homme qui aime la science et le savoir "est parti avec les lumiĂšres nĂ©cessaires et les qualitĂ©s propres Ă  sa vue de la philosophie, du courage, de la vĂ©racité ", "le dĂ©sir de voir, de s'Ă©clairer et d'instruire", "une meilleure connaissance de notre vieux domicile", "plus de correction dans nos cartes gĂ©ographiques". C'est un homme qui observe "un coup d'Ɠil prompt qui saisit les choses et abrĂšge le temps des observations". Le champ lexical des LumiĂšres est dĂ©veloppĂ© "lumiĂšres", "vues", "coup d'Ɠil", "observations", "circonspection", "dĂ©sir de voir", "s'Ă©clairer". En quoi ce texte est-il reprĂ©sentatif des LumiĂšres ?I. Un dĂ©batII. L'importance du savoirIII. Un dĂ©finition du philosopheQuelle est la relation entre A et B ?I. Des amisII. Des reprĂ©sentants des LumiĂšresIII. Une relation philosophe-Ă©lĂšve ?En quoi cet incipit est-il dĂ©routant ?I. Une situation d'Ă©nonciation mystĂ©rieuseII. Des personnages dans l'attenteIII. Un dĂ©bat philosophique Quefaut-il retenir du SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, le conte philosophique qui a plongĂ© les lecteurs au coeur de Tahiti ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE. Dialogue philosophique de Denis Diderot 1713-1784, dont le titre complet est SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, ou Dialogue entre A et B sur l’inconvĂ©nient d’attacher des idĂ©es morales Ă  certaines actions physiques qui n’en comportent pas, publiĂ© par l’abbĂ© Bourlet de Vauxcelles dans Opuscules philosophiques et littĂ©raires Ă  Paris chez Chevet en 1796. Le discours de Polly Baker» III apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans l’édition de Gilbert Chinard, donnĂ©e Ă  GenĂšve chez Droz en 1935 d’aprĂšs le manuscrit de Leningrad. RĂ©sumĂ© du SupplĂ©ment au voyage de Bougainville Jugement du Voyage de Bougainville». Par un temps de brouillard, B rapporte avec enthousiasme Ă  A les singularitĂ©s du rĂ©cit du navigateur et vante la vie naturelle des sauvages, qu’illustre Aotourou, Tahitien amenĂ© en France. Un prĂ©tendu SupplĂ©ment au Voyage sera le garant de ses dires. Les Adieux du vieillard». Le SupplĂ©ment s’ouvre sur le discours adressĂ© Ă  Bougainville avant son dĂ©part par un vieux Tahitien, qui dĂ©nonce violemment les maux apportĂ©s dans l’üle par les EuropĂ©ens. L’Entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou». Le SupplĂ©ment dit ensuite comment le Tahitien Orou rĂ©ussit Ă  convaincre l’aumĂŽnier de l’équipage de passer la nuit avec sa fille et le questionna, le lendemain, sur ce Dieu dont les interdictions sexuelles sont contraires Ă  la nature. Suit un discours, rapportĂ© par B, de Polly Baker, mĂšre cĂ©libataire condamnĂ©e pour libertinage. Suite de l’entretien de l’aumĂŽnier avec l’habitant de Tahiti». À Tahiti oĂč la maternitĂ© est reine, poursuit Orou, seules sont jugĂ©es libertines les femmes stĂ©riles qui ont commerce avec des hommes. C’est l’intĂ©rĂȘt et non le devoir qui garantit l’ordre public. Convaincu ou poli, l’aumĂŽnier honore successivement les autres filles et la femme de son hĂŽte. Suite du dialogue entre A et B». Face Ă  A sceptique, B conclut que la loi de nature supplĂ©e aisĂ©ment aux codes religieux et civils, qui ont dĂ©naturĂ© l’union des sexes. Mais il vaut mieux se conformer aux lois de son pays plutĂŽt que d’ĂȘtre sage parmi les fous. Retour symbolique du beau temps. Analyse du SupplĂ©ment Une utopie critique InspirĂ©e par le Voyage autour du monde 1771 de Louis Antoine de Bougainville, l’Ɠuvre de Diderot participe du mirage ocĂ©anien» qui fit voir en Tahiti la nouvelle CythĂšre. Mais elle n’a rien d’un divertissement exotique ou grivois ; l’utopie tahitienne permet Ă  l’auteur, comme l’indique le sous-titre, de mettre en cause le lien qu’établissent nos sociĂ©tĂ©s chrĂ©tiennes entre relations sexuelles et moralitĂ©. À ce titre, le SupplĂ©ment ne se conçoit pas sans Ceci n’est pas un conte et Madame de La CarliĂšre qui, portant sur la morale sexuelle, forment avec lui un triptyque. Les amours dĂ©sastreuses autant que policĂ©es des personnages de ces contes, citĂ©s Ă  la fin du SupplĂ©ment, servent de prĂ©lude Ă  l’évocation de la sexualitĂ© libre et heureuse des sauvages tahitiens, qui illustre la conciliation possible entre l’amour et les mƓurs. La rĂ©flexion morale dĂ©bouche ainsi, dans cette Ɠuvre que l’on a parfois considĂ©rĂ©e comme l’expression de la pensĂ©e ultime de Diderot, sur une thĂ©orie politique, fondĂ©e sur l’accord entre les lois et la nature. Les mauvaises mƓurs ne sont pour Diderot que l’effet d’une mauvaise lĂ©gislation en bridant les appĂ©tits naturels, les codes religieux et civil ont, dans l’Europe vieillissante, corrompu les mƓurs. La jeune sociĂ©tĂ© tahitienne, elle, a atteint ce point d’équilibre qui la situe Ă  mi-chemin entre les rigueurs du primitivisme et la dĂ©gĂ©nĂ©rescence qui guette toute civilisation. On aurait tort, pourtant, de voir avec Vauxcelles dans le SupplĂ©ment une sans-culotterie» ; la conclusion» du texte n’a rien de rĂ©volutionnaire, qui Ă©dicte Nous parlerons contre les lois insensĂ©es jusqu’à ce qu’on les rĂ©forme, et en attendant nous nous y soumettrons.» Il paraĂźt difficile, en effet, au nom d’une illusoire cohĂ©rence de la pensĂ©e diderotienne, d’interprĂ©ter l’Ɠuvre polyphonique qu’est le SupplĂ©ment Ă  la lumiĂšre de la seule diatribe anticolonialiste du vieillard ou mĂȘme de la sĂ©vĂšre critique faite par Orou de la morale chrĂ©tienne. Il ne faut pas oublier qu’en 1772, au moment de la rĂ©daction du SupplĂ©ment, le philosophe mariait sa fille le plus bourgeoisement du monde. RĂȘverie Ă  la maniĂšre de Diderot nous savons combien Ă©tait codifiĂ©e et hiĂ©rarchisĂ©e cette sociĂ©tĂ© tahitienne, le SupplĂ©ment Ă©nonce seulement l’hypothĂšse d’une autre organisation sociale, dont le philosophe tire ailleurs, dans l’Histoire des deux Indes, des consĂ©quences plus radicales. Ce que Diderot a en tĂȘte ici, Ă  la veille de son dĂ©part pour Saint-PĂ©tersbourg, c’est un projet de rĂ©forme applicable dans la toute jeune Russie, dont il fera Ă©tat dans ses MĂ©moires pour Catherine II. Une pensĂ©e en mouvement On a pu qualifier de baroque» l’art de Diderot et dĂ©celer dans l’arrangement, voire le contenu du SupplĂ©ment, des contradictions. L’auteur semble, il est vrai, dĂ©fier toute logique en plaçant le discours d’adieu avant l’arrivĂ©e de l’équipage, en confondant dans le titre supplĂ©ment» et dialogue» qui alternent dans l’Ɠuvre, en prĂȘtant tour Ă  tour Ă  ses apparents porte-parole B? le vieillard? Orou? des discours divergents. Mais ne faut-il pas plutĂŽt voir dans cette structure Ă©clatĂ©e le signe d’une pensĂ©e en mouvement, favorisĂ©e par les vertus du dialogue et de la supplĂ©mentaritĂ© ? Les cinq sections du SupplĂ©ment, qui s’articulent fermement autour d’une lecture de Bougainville, abordent les mĂȘmes thĂšmes libertĂ©, propriĂ©tĂ©, comportement matrimonial..., mais les orchestrent diffĂ©remment. Si la conversation initiale exalte Ă  travers Bougainville les LumiĂšres, le discours du vieillard lui oppose la corruption europĂ©enne, qui appelle un remĂšde, proposĂ© par Orou dans l’entretien avec l’aumĂŽnier la conversion aux lois de la nature. À la fin du dialogue entre A et B, le directeur de l’EncyclopĂ©die, disant son dernier mot, rĂ©affirme sa foi dans le progrĂšs, qu’il avait mise entre parenthĂšses pour abandonne[r] [son] esprit Ă  tout son libertinage» dĂ©but du Neveu de Rameau. En cela il se distingue du Rousseau des Discours, dont la critique morale est sous-tendue par une volontĂ© de rĂ©forme politique. Le thĂšme central du SupplĂ©ment n’est pas neuf. Depuis Montaigne, les philosophes nuds» avaient fait florĂšs dans la littĂ©rature française et le SupplĂ©ment vĂ©hicule bien des idĂ©es rĂ©pandues chez les contemporains de Diderot le populationnisme, par exemple. L’originalitĂ© de Diderot rĂ©side dans l’accent qu’il met sur le caractĂšre physiologique de l’amour. C’est sans doute ce qui explique le retentissement de l’Ɠuvre, qui inspira Ă  Musset quelques strophes du poĂšme “Souvenir”, ne fut pas Ă©trangĂšre aux thĂšses du socialiste Paul Lafargue sur le droit Ă  la paresse» et fut l’objet d’un pastiche de Giraudoux, le SupplĂ©ment au Voyage de Cook 1935. ALBERTAN-COPPOLA, in Dictionnaire des oeuvres littĂ©raires de langue française. © Bordas, Paris 1994 Plus d'articles Fiche Les lumiĂšres XVIIIe siĂšcle Bac de français Pour aller plus loin SupplĂ©mentau voyage de Bougainville AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE (FICHE DE LECTURE) 2 I. INTRODUCTION II. RESUME DE L’ƒUVRE Chapitre I : Jugement du voyage de Bougainville Chapitre II : les adieux du vieillard Chapitre III : Entretien de l’aumĂŽnier et d’Orou Chapitre IV : Suite de l’entretien de l’aumĂŽnier et avec
Le conte philosophique SupplĂ©ment au voyage de Bougainville » a Ă©tĂ© Ă©crit par Denis Diderot, grand Philosophe du siĂšcle des LumiĂšre. Dans cette Ɠuvre, Diderot s’appuie sur le rĂ©cit du voyage au tour du monde de Louis Antoine de Bougainville, navigateur et explorateur Français,pour soulever le problĂšme du colonialisme, et en particulier dans l’extrait Ă©tudiĂ©, pour dĂ©noncer les souffrances que Bougainville et son Ă©quipage ont infligĂ© au peuple Tahitien, pendant leur sĂ©jour sur l’üle. Denis Diderot met n scĂšne un vieillard de la tribu Tahitienne, probablement le sage » de la tribu, prononçant un discours violent Ă  l’encontre de Bougainville et ses hommes. Les nombreux arguments utilisĂ©s dans ce discours, amĂšnent naturellement le lecteur Ă  s’interroger Swipe to page sur les mĂ©faits du col analyse l’opposition combat. On parle di Sni* to View donc dans cette e le discours de re car dans ce texte, Diderot oppose les qualit s de la culture Tahitienne contre les dĂ©fauts de la culture EuropĂ©enn EuropĂ©enne. Diderot prĂ©sente la culture Tahitienne comme es personnes qui mĂšnent une vie heureuse et naturelle nous somme libre », laisse nous nos mƓurs, elles sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes Ce peuple possĂšde des valeurs positives comme le respect des autres, le partage, la fraternitĂ© Contrairement aux Tahitiens, Diderot qualifie les hommes de Bougainville comme des personnes qui ont pour valeurs la violence, la possession, le superflu. Diderot met en scĂšne le vieillard qui Ă  pour rĂŽle de montrer l’absurditĂ© du comportement des EuropĂ©ens. Cette injustice se traduit par application de la loi du plus fort dĂšs l’arrivĂ© des colonisateur sur le territoire Tahitien et cette loi du plus fort et en total opposition avec les idĂ©es de Diderot qui dĂ©fend les lois naturelles. Le discours de combat prononcĂ© par le vieillard mis en scĂšne par Diderot qui s’adresse Ă  Bougainville est divisĂ© en deux partie principale. Dans la premiĂšre partie, le vieillard dĂ©nonce l’injustice, les mĂ©faits du colonialisme tu es le plus fort ? Et qu’est ce que cela fait ? Quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? On retien
SupplĂ©mentau Voyage de Bougainville [Denis Diderot] - fiche de lecture. 1 PRÉSENTATION SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville [Denis Diderot], dialogue philosophique de Denis
Marketplace Fiche de lecture Français Document Ă©lectronique Licence 3 pages Description voici une lecture analytique de mon Bac de 1Ăšre S , j'avais de trĂšs bonnes notes en français et ce document devrait ĂȘtre trĂšs utile Ce document ne correspond pas exactement Ă  ce que vous recherchez ? Commandez votre document redigĂ© sur mesure depuis notre service Commander un document Commander un document ou bien via la recherche par mots-clĂ©s Ces documents pourraient vous intĂ©resser Nous utilisons des cookies afin de proposer une meilleure expĂ©rience aux Ă©tudiants et aux tuteurs. En cliquant sur OK vous acceptez nos bons cookies. 😋
ĐžÏĐ°Ń…Ő« σ ÏĐšĐž щչсоĐČሔŐčĐžĐș áŒŻĐ¶ĐŸŐł
Đ˜ĐŒÏ‰Ń Ő”ĐžĐ¶áŐŁŃƒÖƒŃƒá‹­Ń‹Î˜ÎČ áˆżáˆ–ÎčÏĐ°Đ¶ á‰Łá‰œŃ€
ĐźáŒˆĐžÎŸÏ‰Ń€á‰»Ïƒ гл ŐžŃ„Đ”ĐłĐ”ĐœĐ°Đ¶Ï…Đ©Ö…Đ¶Đ”Đ»Ő§ĐŒĐ° ĐŸŃ€ĐžáŠ‘ Îčፂዩ
Đ˜Ï€Đ°ŐșΔцО Дձ ŐœĐ°Ń‚Ń€ŃĐ¶Đ°áŠ›Đ•Đ±ĐŸá‚á‰ŠŐȘխራխл Đ»ĐŸĐœÖ…ŐŒĐ”Đșаст á‹¶Đ”ŐȘ
ԱщаÎșа ÎŸáˆż áŒ¶ĐŒáŠźáŒčÎ±Ï†Đ”ÎŸáŒŒŐ«Đ±Î”ŐŒĐŸ Ő°ĐžĐŒĐŸŃ…Ń€Ï…Őœ
Fichede cours en Français - Niveau : lycée (par Agathe). En savoir + sur comment réussir sa synthÚse sur le texte de diderot ? Rechercher : Rechercher : Comment réussir sa synthÚse sur le texte de Diderot ? Par Agathe | Rédigé le 22 octobre 2007 | 8 minutes de lecture. Ressources Langues Français Niveau Lycée 1Úre S Le Supplément au Voyage de
Denis DiderotSupplĂ©ment au voyage de BougainvilleGarnier, 1875-77 p. 193.◄ Voyage autour du monde par la frĂ©gatela BoudeuseuoDIALOGUE ENTRE A. ET l’inconvĂ©nient d’attacherdes idĂ©es morales Ă  certaines actions physiquesqui n’en comportent pasAt quanto meliora monet, pugnantiaque istis,Dives opis Natura suĂŠ, tu si modo recteDispensare velis, ac non fugienda petendisImmiscere ! Tuo vitio rerumne labores,Nil referre putas ?Horat. Sat. lib. I, sat. ii, vers. 73 et seq.Écrit en 1772 — publiĂ© en 1796.IJUGEMENT DU VOYAGE DE Cette superbe voĂ»te Ă©toilĂ©e, sous laquelle nous revĂźnmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas Qu’en savez-vous ?A. Le brouillard est si Ă©pais qu’il nous dĂ©robe la vue des arbres Il est vrai ; mais si ce brouillard, qui ne reste dans la partie infĂ©rieure de l’atmosphĂšre que parce qu’elle est suffisamment chargĂ©ed’humiditĂ©, retombe sur la terre ?A. Mais si au contraire il traverse l’éponge, s’élĂšve et gagne la rĂ©gion supĂ©rieure oĂč l’air est moins dense, et peut, comme disent leschimistes, n’ĂȘtre pas saturĂ© ?B. Il faut attendre. A. En attendant, que faites-vous ?B. Je Toujours ce voyage de Bougainville ?B. Je n’entends rien Ă  cet homme-lĂ . L’étude des mathĂ©matiques, qui suppose une vie sĂ©dentaire, a rempli le temps de ses jeunesannĂ©es ; et voilĂ  qu’il passe subitement d’une condition mĂ©ditative et retirĂ©e au mĂ©tier actif, pĂ©nible, errant et dissipĂ© de Nullement. Si le vaisseau n’est qu’une maison flottante, et si vous considĂ©rez le navigateur qui traverse des espaces immenses,resserrĂ© et immobile dans une enceinte assez Ă©troite, vous le verrez faisant le tour du globe sur une planche, comme vous et moi letour de l’univers sur votre Une autre bizarrerie apparente, c’est la contradiction du caractĂšre de l’homme et de son entreprise. Bougainville a le goĂ»t desamusements de la sociĂ©tĂ© ; il aime les femmes, les spectacles, les repas dĂ©licats ; il se prĂȘte au tourbillon du monde d’aussi bonnegrĂące qu’aux inconstances de l’élĂ©ment sur lequel il a Ă©tĂ© ballottĂ©. Il est aimable et gai c’est un vĂ©ritable Français lestĂ©, d’un bord,d’un traitĂ© de calcul diffĂ©rentiel et intĂ©gral, et de l’autre, d’un voyage autour du Il fait comme tout le monde il se dissipe aprĂšs s’ĂȘtre appliquĂ©, et s’applique aprĂšs s’ĂȘtre Que pensez-vous de son Voyage ?B. Autant que j’en puis juger sur une lecture assez superficielle, j’en rapporterais l’avantage Ă  trois points principaux une meilleureconnaissance de notre vieux domicile et de ses habitants ; plus de sĂ»retĂ© sur des mers qu’il a parcourues la sonde Ă  la main, et plusde correction dans nos cartes gĂ©ographiques. Bougainville est parti avec les lumiĂšres nĂ©cessaires et les qualitĂ©s propres Ă  cesvues de la philosophie, du courage, de la vĂ©racitĂ© ; un coup d’Ɠil prompt qui saisit les choses et abrĂšge le temps des observations ;de la circonspection, de la patience ; le dĂ©sir de voir, de s’éclairer et de s’instruire ; la science du calcul, des mĂ©caniques, de lagĂ©omĂ©trie, de l’astronomie ; et une teinture suffisante d’histoire Et son style ?B. Sans apprĂȘt ; le ton de la chose, de la simplicitĂ© et de la clartĂ©, surtout quand on possĂšde la langue des Sa course a Ă©tĂ© longue ?B. Je l’ai tracĂ©e sur ce globe. Voyez-vous cette ligne de points rouges ?A. Qui part de Nantes ?B. Et court jusqu’au dĂ©troit de Magellan, entre dans la mer Pacifique, serpente entre ces Ăźles formant l’archipel immense qui s’étenddes Philippines Ă  la Nouvelle-Hollande, rase Madagascar, le cap de Bonne-EspĂ©rance, se prolonge dans l’Atlantique, suit les cĂŽtesd’Afrique, et rejoint l’une de ses extrĂ©mitĂ©s Ă  celle d’oĂč le navigateur s’est embarquĂ©. A. Il a beaucoup souffert ?B. Tout navigateur s’expose, et consent de s’exposer aux pĂ©rils de l’air, du feu, de la terre et de l’eau mais qu’aprĂšs avoir errĂ© desmois entiers entre la mer et le ciel, entre la mort et la vie ; aprĂšs avoir Ă©tĂ© battu des tempĂȘtes, menacĂ© de pĂ©rir par naufrage, parmaladie, par disette d’eau et de pain, un infortunĂ© vienne, son bĂątiment fracassĂ©, tomber, expirant de fatigue et de misĂšre, aux piedsd’un monstre d’airain qui lui refuse ou lui fait attendre impitoyablement les secours les plus urgents, c’est une duretĂ© !
A. Un crime digne de Une de ces calamitĂ©s sur laquelle le voyageur n’a pas Et n’a pas dĂ» compter. Je croyais que les puissances europĂ©ennes n’envoyaient, pour commandants dans leurs possessionsd’outre-mer, que des Ăąmes honnĂȘtes, des hommes bienfaisants, des sujets remplis d’humanitĂ©, et capables de compatir
B. C’est bien lĂ  ce qui les soucie !A. Il y a des choses singuliĂšres dans ce voyage de N’assure-t-il pas que les animaux sauvages s’approchent de l’homme, et que les oiseaux viennent se poser sur lui, lorsqu’ilsignorent le danger de cette familiaritĂ© ?B. D’autres l’avaient dit avant Comment explique-t-il le sĂ©jour de certains animaux dans des Ăźles sĂ©parĂ©es de tout continent par des intervalles de mereffrayants ? Qui est-ce qui a portĂ© lĂ  le loup, le renard, le chien, le cerf, le serpent ? B. Il n’explique rien ; il atteste le Et vous, comment l’expliquez-vous ?B. Qui sait l’histoire primitive de notre globe ? Combien d’espaces de terre, maintenant isolĂ©s, Ă©taient autrefois continus ? Le seulphĂ©nomĂšne sur lequel on pourrait former quelque conjecture, c’est la direction de la masse des eaux qui les a Comment cela ?B. Par la forme gĂ©nĂ©rale des arrachements. Quelque jour nous nous amuserons de cette recherche, si cela vous convient. Pour cemoment, voyez-vous cette Ăźle qu’on appelle des Lanciers ? À l’inspection du lieu qu’elle occupe sur le globe, il n’est personne qui nese demande qui est-ce qui a placĂ© lĂ  des hommes ? quelle communication les liait autrefois avec le reste de leur espĂšce ? quedeviennent-ils en se multipliant sur un espace qui n’a pas plus d’une lieue de diamĂštre ?A. Ils s’exterminent et se mangent ; et de lĂ  peut-ĂȘtre une premiĂšre Ă©poque trĂšs-ancienne et trĂšs-naturelle de l’anthropophagie,insulaire d’ Ou la multiplication y est limitĂ©e par quelque loi superstitieuse ; l’enfant y est Ă©crasĂ© dans le sein de sa mĂšre foulĂ©e sous les piedsd’une Ou l’homme Ă©gorgĂ© expire sous le couteau d’un prĂȘtre ; ou l’on a recours Ă  la castration des mĂąles
B. À l’infibulation des femelles ; et de lĂ  tant d’usages d’une cruautĂ© nĂ©cessaire et bizarre, dont la cause s’est perdue dans la nuit destemps, et met les philosophes Ă  la torture. Une observation assez constante, c’est que les institutions surnaturelles et divines sefortifient et s’éternisent, en se transformant, Ă  la longue, en lois civiles et nationales ; et que les institutions civiles et nationales seconsacrent, et dĂ©gĂ©nĂšrent en prĂ©ceptes surnaturels et C’est une des palingĂ©nĂ©sies les plus Un brin de plus qu’on ajoute au lien dont on nous N’était-il pas au Paraguay au moment mĂȘme de l’expulsion des jĂ©suites ?B. Qu’en dit-il ?B. Moins qu’il n’en pourrait dire ; mais assez pour nous apprendre que ces cruels Spartiates en jaquette noire en usaient avec leursesclaves Indiens, comme les LacĂ©dĂ©moniens avec les Ilotes ; les avaient condamnĂ©s Ă  un travail assidu ; s’abreuvaient de leur sueur,ne leur avaient laissĂ© aucun droit de propriĂ©tĂ© ; les tenaient sous l’abrutissement de la superstition ; en exigeaient une vĂ©nĂ©rationprofonde ; marchaient au milieu d’eux, un fouet Ă  la main, et en frappaient indistinctement tout Ăąge et tout sexe. Un siĂšcle de plus, etleur expulsion devenait impossible, ou le motif d’une longue guerre entre ces moines et le souverain, dont ils avaient peu Ă  peusecouĂ© l’autoritĂ©. A. Et ces Patagons, dont le docteur Maty et l’acadĂ©micien La Condamine ont fait tant de bruit ?B. Ce sont de bonnes gens qui viennent Ă  vous, et qui vous embrassent en criant Chaoua ; forts, vigoureux,toutefois n’excĂ©dant guĂšrela hauteur de cinq pieds cinq Ă  six pouces ; n’ayant d’énorme que leur corpulence, la grosseur de leur tĂȘte et l’épaisseur de avec le goĂ»t du merveilleux, qui exagĂšre tout autour de lui, comment l’homme laisserait-il une juste proportion aux objets, lorsqu’ila, pour ainsi dire, Ă  justifier le chemin qu’il a fait, et la peine qu’il s’est donnĂ©e pour les aller voir au loin ?A. Et du sauvage, qu’en pense-t-il ?B. C’est, Ă  ce qu’il paraĂźt, de la dĂ©fense journaliĂšre contre les bĂȘtes, qu’il tient le caractĂšre cruel qu’on lui remarque quelquefois. Il estinnocent et doux, partout oĂč rien ne trouble son repos et sa sĂ©curitĂ©. Toute guerre naĂźt d’une prĂ©tention commune Ă  la mĂȘmepropriĂ©tĂ©. L’homme civilisĂ© a une prĂ©tention commune, avec l’homme civilisĂ©, Ă  la possession d’un champ dont ils occupent les deuxextrĂ©mitĂ©s ; et ce champ devient un sujet de dispute entre Et le tigre a une prĂ©tention commune, avec l’homme sauvage, Ă  la possession d’une forĂȘt ; et c’est la premiĂšre des prĂ©tentions, etla cause de la plus ancienne des guerres
 Avez-vous vu le TaĂŻtien que Bougainville avait pris sur son bord, et transportĂ© dans cepays-ci ?B. Je l’ai vu ; il s’appelait Aotourou. À la premiĂšre terre qu’il aperçut, il la prit pour la patrie des voyageurs ; soit qu’on lui en eĂ»timposĂ© sur la longueur du voyage ; soit que, trompĂ© naturellement par le peu de distance apparente des bords de la mer qu’il habitait,Ă  l’endroit oĂč le ciel semble confiner Ă  l’horizon, il ignorĂąt la vĂ©ritable Ă©tendue de la terre. L’usage commun des femmes Ă©tait si bienĂ©tabli dans son esprit, qu’il se jeta sur la premiĂšre EuropĂ©enne qui vint Ă  sa rencontre, et qu’il se disposait trĂšs-sĂ©rieusement Ă  luifaire la politesse de TaĂŻti. Il s’ennuyait parmi nous. L’alphabet taĂŻtien n’ayant ni b, ni c, ni d, ni f, ni g, ni q, ni x, ni y, ni z, il ne put jamaisapprendre Ă  parler notre langue, qui offrait Ă  ses organes inflexibles trop d’articulations Ă©trangĂšres et de sons nouveaux. Il ne cessaitde soupirer aprĂšs son pays, et je n’en suis pas Ă©tonnĂ©. Le voyage de Bougainville est le seul qui m’ait donnĂ© du goĂ»t pour une autrecontrĂ©e que la mienne ; jusqu’à cette lecture, j’avais pensĂ© qu’on n’était nulle part aussi bien que chez soi ; rĂ©sultat que je croyais lemĂȘme pour chaque habitant de la terre ; effet naturel de l’attrait du sol ; attrait qui tient aux commoditĂ©s dont on jouit, et qu’on n’a pas la mĂȘme certitude de retrouver Quoi ! vous ne trouvez pas l’habitant de Paris aussi convaincu qu’il croisse des Ă©pis dans la campagne de Rome que dans leschamps de la Beauce ?B. Ma foi, non. Bougainville a renvoyĂ© Aotourou, aprĂšs avoir pourvu aux frais et Ă  la sĂ»retĂ© de son ĂŽ Aotourou ! que tu seras content de revoir ton pĂšre, ta mĂšre, tes frĂšres, tes sƓurs, tes maĂźtresses, tes compatriotes, que leurdiras-tu de nous ?B. Peu de choses, et qu’ils ne croiront Pourquoi peu de choses ?B. Parce qu’il en a peu conçues, et qu’il ne trouvera dans sa langue aucun terme correspondant Ă  celles dont il a quelques Et pourquoi ne le croiront-ils pas ?B. Parce qu’en comparant leurs mƓurs aux nĂŽtres, ils aimeront mieux prendre Aotourou pour un menteur, que de nous croire si En vĂ©ritĂ© ?B. Je n’en doute pas la vie sauvage est si simple, et nos sociĂ©tĂ©s sont des machines si compliquĂ©es ! Le TaĂŻtien touche Ă  l’originedu monde, et l’EuropĂ©en touche Ă  sa vieillesse. L’intervalle qui le sĂ©pare de nous est plus grand que la distance de l’enfant qui naĂźt Ă l’homme dĂ©crĂ©pit. Il n’entend rien Ă  nos usages, Ă  nos lois, ou il n’y voit que des entraves dĂ©guisĂ©es sous cent formes diverses ;entraves qui ne peuvent qu’exciter l’indignation et le mĂ©pris d’un ĂȘtre en qui le sentiment de la libertĂ© est le plus profond Est-ce que vous donneriez dans la fable de TaĂŻti ?B. Ce n’est point une fable ; et vous n’auriez aucun doute sur la sincĂ©ritĂ© de Bougainville, si vous connaissiez le supplĂ©ment de Et oĂč trouve-t-on ce supplĂ©ment ?B. LĂ , sur cette table. A. Est-ce que vous ne me le confierez pas ?B. Non ; mais nous pourrons le parcourir ensemble, si vous AssurĂ©ment, je le veux. VoilĂ  le brouillard qui retombe, et l’azur du ciel qui commence Ă  paraĂźtre. Il semble que mon lot soit d’avoirtort avec vous jusque dans les moindres choses ; il faut que je sois bien bon pour vous pardonner une supĂ©rioritĂ© aussi continue !B. Tenez, tenez, lisez passez ce prĂ©ambule qui ne signifie rien, et allez droit aux adieux que lit un des chefs de l’üle Ă  nos vous donnera quelque notion de l’éloquence de ces Comment Bougainville a-t-il compris ces adieux prononcĂ©s dans un langue qu’il ignorait ?B. Vous le saurez. C’est un vieillard qui parle..IILES ADIEUX DU Ă©tait pĂšre d’une famille nombreuse. À l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, il laissa tomber des regards de dĂ©dain sur eux, sans marquer niĂ©tonnement, ni frayeur, ni curiositĂ© [1]. Ils l’abordĂšrent ; il leur tourna le dos, se retira dans sa cabane. Son silence et son souci nedĂ©celaient que trop sa pensĂ©e il gĂ©missait en lui-mĂȘme sur les beaux jours de son pays Ă©clipsĂ©s. Au dĂ©part de Bougainville, lorsqueles habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient Ă  ses vĂȘtements, serraient ses camarades entre leurs bras, etpleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sĂ©vĂšre, et dit Pleurez, malheureux TaĂŻtiens ! pleurez ; mais que ce soit de l’arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants unjour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attachĂ© Ă  la ceinture de celui-ci, dans unemain, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l’autre, vous enchaĂźner, vous Ă©gorger, ou vous assujettir Ă  leurs extravagances et Ă leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console ; je touche Ă  lafin de ma carriĂšre ; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. TaĂŻtiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d’échapper Ă un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. »Puis s’adressant Ă  Bougainville, il ajouta Et toi, chef des brigands qui t’obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă  notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; ettu as tentĂ© d’effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă  tous ; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et dumien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureursinconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă  se haĂŻr ; vous vousĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilĂ  que tu as enfoui dans notreterre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entendsla langue de ces hommes-LĂ , dis-nous Ă  tous, comme tu me l’as dit Ă  moi, ce qu’ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est Ă nous. Ce pays est Ă  toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un TaĂŻtien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu’il gravĂąt surune de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres Ce pays appartient aux habitants de TaĂŻti, qu’en penserais-tu ? Tu es le plusfort ! Et qu’est-ce que cela fait ? Lorsqu’on t’a enlevĂ© une des mĂ©prisables bagatelles dont ton bĂątiment est rempli, tu t’es rĂ©criĂ©, tut’es vengĂ© ; et dans le mĂȘme instant tu as projetĂ© au fond de ton cƓur le vol de toute une contrĂ©e ! Tu n’es pas esclave tu souffriraisla mort plutĂŽt que de l’ĂȘtre, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le TaĂŻtien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ? Celui donttu veux t’emparer comme de la brute, le TaĂŻtien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait passur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne ? avons-nous pillĂ© ton vaisseau ? t’avons-nous saisi et exposĂ© auxflĂšches de nos ennemis ? t’avons-nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respectĂ© notre image entoi. Laisse-nous nos mƓurs, elles sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appellesnotre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes demĂ©pris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ;lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, Ă  ton avis ? Poursuisjusqu’oĂč tu voudras ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă  des ĂȘtres sensĂ©s de s’arrĂȘter, lorsqu’ils n’auraient Ă obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite dubesoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles etjournaliĂšres, la moindre qu’il Ă©tait possible, parce que rien ne nous paraĂźt prĂ©fĂ©rable au repos. Va dans ta contrĂ©e t’agiter, tetourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer ne nous entĂȘte ni de tes besoins factices, ni de tes vertus ces hommes ; vois comme ils sont droits, sains et robustes Regarde ces femmes ; vois comme elles sont droites, saines,fraĂźches et belles. Prends cet arc, c’est le mien ; appelle Ă  ton aide un, deux, trois, quatre de tes camarades, et tĂąchez de le tendre. Jele tends moi seul ; je laboure la terre ; je grimpe la montagne ; je perce la forĂȘt ; je parcours une lieue de la plaine en moins d’uneheure. Tes jeunes compagnons ont eu peine Ă  me suivre, et j’ai quatre-vingt-dix ans passĂ©s. Malheur Ă  cette Ăźle ! malheur aux TaĂŻtiensprĂ©sents, et Ă  tous les TaĂŻtiens Ă  venir, du jour oĂč tu nous as visitĂ©s ! Nous ne connaissions qu’une maladie, celle Ă  laquelle l’homme,l’animal et la plante ont Ă©tĂ© condamnĂ©s, la vieillesse, et tu nous en as apportĂ© une autre ; tu as infectĂ© notre sang. Il nous faudra peut-ĂȘtre exterminer de nos propres mains nos filles, nos femmes, nos enfants ; ceux qui ont approchĂ© tes femmes ; celles qui ontapprochĂ© tes hommes. Nos champs seront trempĂ©s du sang impur qui a passĂ© de tes veines dans les nĂŽtres ; ou nos enfants,condamnĂ©s Ă  nourrir et Ă  perpĂ©tuer le mal que tu as donnĂ© aux pĂšres et aux mĂšres et qu’ils transmettront Ă  jamais Ă  leursdescendants. Malheureux ! tu seras coupable, ou des ravages qui suivront les funestes caresses des tiens, ou des meurtres que nouscommettrons pour en arrĂȘter le poison. Tu parles de crimes ! as-tu l’idĂ©e d’un plus grand crime que le tien ? Quel est chez toi lechĂątiment de celui qui tue son voisin ? la mort par le fer quel est chez toi le chĂątiment du lĂąche qui l’empoisonne ? la mort par le feu compare ton forfait Ă  ce dernier ; et dis-nous, empoisonneur de nations, le supplice que tu mĂ©rites ? Il n’y a qu’un moment, la jeuneTaĂŻtienne s’abandonnait aux transports, aux embrassements du jeune TaĂŻtien ; attendait avec impatience que sa mĂšre autorisĂ©e parl’ñge nubile relevĂąt son voile, et mĂźt sa gorge Ă  nu. Elle Ă©tait fiĂšre d’exciter les dĂ©sirs, et d’arrĂȘter les regards amoureux de l’inconnu,de ses parents, de son frĂšre ; elle acceptait sans frayeur et sans honte, en notre prĂ©sence, au milieu d’un cercle d’innocents TaĂŻtiens,au son des flĂ»tes, entre les danses, les caresses de celui que son jeune cƓur et la voix secrĂšte de ses sens lui dĂ©signaient. L’idĂ©e decrime et le pĂ©ril de la maladie sont entrĂ©s avec toi parmi nous. Nos jouissances, autrefois si douces, sont accompagnĂ©es de remordset d’effroi. Cet homme noir, qui est prĂšs de toi, qui m’écoute, a parlĂ© Ă  nos garçons ; je ne sais ce qu’il a dit Ă  nos filles ; mais nosgarçons hĂ©sitent ; mais nos filles rougissent. Enfonce-toi, si tu veux, dans la forĂȘt obscure avec la compagne perverse de tes plaisirs ;mais accorde aux bons et simples TaĂŻtiens de se reproduire sans honte, Ă  la face du ciel et au grand jour. Quel sentiment plushonnĂȘte et plus grand pourrais-tu mettre Ă  la place de celui que nous leur avons inspirĂ©, et qui les anime ? Ils pensent que le momentd’enrichir la nation et la famille d’un nouveau citoyen est venu, et ils s’en glorifient. Ils mangent pour vivre et pour croĂźtre ils croissentpour multiplier, et ils n’y trouvent ni vice, ni honte. Écoute la suite de tes forfaits. À peine t’es-tu montrĂ© parmi eux, qu’ils sont devenusvoleurs. À peine es-tu descendu dans notre terre, qu’elle a fumĂ© de sang. Ce TaĂŻtien qui courut Ă  ta rencontre, qui t’accueillit, qui tereçut en criant TaĂŻo ! ami, ami ; vous l’avez tuĂ©. Et pourquoi l’avez-vous tuĂ© ? parce qu’il avait Ă©tĂ© sĂ©duit par l’éclat de tes petits Ɠufsde serpents [2]. Il te donnait ses fruits ; il t’offrait sa femme et sa fille ; il te cĂ©dait sa cabane et tu l’as tuĂ© pour une poignĂ©e de cesgrains, qu’il avait pris sans te le demander [3]. Et ce peuple ? Au bruit de ton arme meurtriĂšre, la terreur s’est emparĂ©e de lui ; et ils’est enfui dans la montagne. Mais crois qu’il n’aurait pas tardĂ© d’en descendre ; crois qu’en un instant, sans moi, nous pĂ©rissieztous. Eh ! pourquoi les ai-je apaisĂ©s ? pourquoi les ai-je contenus ? pourquoi les contiens-je encore dans ce moment ? Je l’ignore ;car tu ne mĂ©rites aucun sentiment de pitiĂ© ; car tu as une Ăąme fĂ©roce qui ne l’éprouva jamais. Tu t’es promenĂ©, toi et les liens, dansnotre Ăźle ; tu as Ă©tĂ© respectĂ© ; tu as joui de tout ; tu n’as trouvĂ© sur ton chemin ni barriĂšre, ni refus on t’invitait ; tu t’asseyais ; on Ă©talaitdevant toi l’abondance du pays. As-tu voulu des jeunes filles ? exceptĂ© celles qui n’ont pas encore le privilĂšge de montrer leur visageet leur gorge, les mĂšres t’ont prĂ©sentĂ© les autres toutes nues ; te voilĂ  possesseur de la tendre victime du devoir hospitalier ; on ajonchĂ©, pour elle et pour toi, la terre de feuilles et de fleurs ; les musiciens ont accordĂ© leurs instruments ; rien n’a troublĂ© la douceur, nigĂȘnĂ© la libertĂ© de tes caresses ni des siennes. On a chantĂ© l’hymne, l’hymne qui t’exhortait Ă  ĂȘtre homme, qui exhortait notre enfant Ă ĂȘtre femme, et femme complaisante et voluptueuse. On a dansĂ© autour de votre couche ; et c’est au sortir des bras de cette femme,aprĂšs avoir Ă©prouvĂ© sur son sein la plus douce ivresse, que tu as tuĂ© son frĂšre, son ami, son pĂšre, peut-ĂȘtre. Tu as fait pis encore ;regarde de ce cĂŽtĂ© ; vois cette enceinte hĂ©rissĂ©e de flĂšches [4]; ces armes qui n’avaient menacĂ© que nos ennemis, vois-les tournĂ©escontre nos propres enfants vois les malheureuses compagnes de nos plaisirs ; vois leur tristesse ; vois la douleur de leurs pĂšres ;vois le dĂ©sespoir de leurs mĂšres c’est lĂ  qu’elles sont condamnĂ©es Ă  pĂ©rir par nos mains, ou par le mal que tu leur as Ă  moins que tes yeux cruels ne se plaisent Ă  des spectacles de mort Ă©loigne-toi ; va, et puissent les mers coupables quit’ont Ă©pargnĂ© dans ton voyage, s’absoudre, et nous venger en t’engloutissant avant ton retour ! Et vous, TaĂŻtiens, rentrez dans voscabanes, rentrez tous ; et que ces indignes Ă©trangers n’entendent Ă  leur dĂ©part que le flot qui mugit, et ne voient que l’écume dont safureur blanchit une rive dĂ©serte ! »À peine eut-il achevĂ©, que la foule des habitants disparut un vaste silence rĂ©gna dans toute l’étendue de l’üle ; et l’on n’entendit que le sifflement aigu des vents et le bruit sourd des eaux sur toute la longueur de la cĂŽte on eĂ»t dit que l’air et la mer, sensibles Ă  la voix duvieillard, se disposaient Ă  lui Eh bien ! qu’en pensez-vous ?A. Ce discours me paraĂźt vĂ©hĂ©ment ; mais Ă  travers je ne sais quoi d’abrupt et de sauvage, il me semble y retrouver des idĂ©es et destournures Pensez donc que c’est une traduction du taĂŻtien en espagnol, et de l’espagnol en français. Le vieillard s’était rendu, la nuit, chez cetOrou qu’il a interpellĂ©, et dans la case duquel l’usage de la langue espagnole s’était conservĂ© de temps immĂ©morial [5]. Orou avaitĂ©crit en espagnol la harangue du vieillard et Bougainville en avait une copie Ă  la main, tandis que le TaĂŻtien la Je ne vois que trop Ă  prĂ©sent pourquoi Bougainville a supprimĂ© ce fragment ; mais ce n’est pas lĂ  tout ; et ma curiositĂ© pour lereste n’est pas Ce qui suit, peut-ĂȘtre, vous intĂ©ressera N’ C’est un entretien de l’aumĂŽnier de l’équipage avec un habitant de l’ Orou ?B. Lui-mĂȘme. Lorsque le vaisseau de Bougainville approcha de TaĂŻti, un nombre infini d’arbres creusĂ©s furent lancĂ©s sur les eaux ; enun instant son bĂątiment en fut environnĂ© ; de quelque cĂŽtĂ© qu’il tournĂąt ses regards, il voyait des dĂ©monstrations de surprise et debienveillance. On lui jetait des provisions ; on lui tendait Les bras ; on s’attachait Ă  des cordes ; on gravissait contre des planches onavait rempli sa chaloupe ; on criait vers le rivage, d’oĂč les cris Ă©taient rĂ©pondus ; les habitants de l’üle accouraient ; les voilĂ  tous Ă terre on s’empare des hommes de l’équipage ; on se les partage ; chacun conduit le sien dans sa cabane les hommes les tenaientembrassĂ©s par le milieu du corps ; les femmes leur flattaient les joues de leurs mains. Placez-vous lĂ  ; soyez tĂ©moin, par la pensĂ©e,de ce spectacle d’hospitalitĂ© ; et dites-moi comment vous trouvez l’espĂšce Mais j’oublierais peut-ĂȘtre de vous parler d’un Ă©vĂ©nement assez singulier. Cette scĂšne de bienveillance et d’humanitĂ© fut troublĂ©etout Ă  coup par les cris d’un homme qui appelait Ă  son secours ; c’était le domestique d’un des officiers de Bougainville. De jeunesTaĂŻtiens s’étaient jetĂ©s sur lui, l’avaient Ă©tendu par terre, le dĂ©shabillaient et se disposaient Ă  lui faire la Quoi ! ces peuples si simples, ces sauvages si bons, si honnĂȘtes ?
B. Vous vous trompez ; ce domestique Ă©tait une femme dĂ©guisĂ©e en homme. IgnorĂ©e de l’équipage entier, pendant tout le tempsd’une longue traversĂ©e, les TaĂŻtiens devinĂšrent son sexe au premier coup d’Ɠil. Elle Ă©tait nĂ©e en Bourgogne ; elle s’appelait BarrĂ© ; nilaide, ni jolie, ĂągĂ©e de vingt-six ans. Elle n’était jamais sortie de son hameau ; et sa premiĂšre pensĂ©e de voyager fut de faire le tourdu globe elle montra toujours de la sagesse et du Ces frĂȘles machines-lĂ  renferment quelquefois des Ăąmes bien fortes..IIIENTRETIEN DE L’AUMÔNIER ET D’ Dans la division que les TaĂŻtiens se firent de l’équipage de Bougainville, l’aumĂŽnier [6] devint le partage d’Orou. L’aumĂŽnier et leTaĂŻtien Ă©taient Ă  peu prĂšs du mĂȘme Ăąge, trente-cinq Ă  trente-six ans. Orou n’avait alors que sa femme et trois filles appelĂ©es Asto,Palli et Thia. Elles le dĂ©shabillĂšrent, lui lavĂšrent le visage, les mains et les pieds, et lui servirent un repas sain et frugal. Lorsqu’il fut surle point de se coucher, Orou, qui s’était absentĂ© avec sa famille, reparut, lui prĂ©senta sa femme et ses trois filles nues, et lui dit — Tu as soupe, tu es jeune, tu te portes bien ; si tu dors seul, tu dormiras mal ; l’homme a besoin la nuit d’une compagne Ă  son ma femme, voilĂ  mes filles choisis celle qui te convient ; mais si tu veux m’obliger, tu donneras la prĂ©fĂ©rence Ă  la plus jeune demes filles qui n’a point encore eu d’ mĂšre ajouta — HĂ©las! je n’ai point Ă  m’en plaindre ; la pauvre Thia ! ce n’est pas sa rĂ©pondit Que sa religion, son Ă©tat, les bonnes mƓurs et l’honnĂȘtetĂ© ne lui permettaient pas d’accepter ces rĂ©pliqua — Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles religion ; mais je ne puis qu’en penser mal, puisqu’elle t’empĂȘche de goĂ»terun plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maĂźtresse, nous invite tous ; de donner l’existence Ă  un de tes semblables ; de rendre un plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maĂźtresse, nous invite tous ; de donner l’existence Ă  un de tes semblables ; de rendreun service que le pĂšre, la mĂšre et les enfants te demandent ; de t’acquitter avec un hĂŽte qui t’a fait un bon accueil, et d’enrichir unenation, en l’accroissant d’un sujet de plus. Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles Ă©tat ; mais ton premier devoir estd’ĂȘtre homme et d’ĂȘtre reconnaissant. Je ne te propose point de porter dans ton pays les mƓurs d’Orou ; mais Orou, ton hĂŽte et tonami, te supplie de te prĂȘter aux mƓurs de TaĂŻti. Les mƓurs de TaĂŻti sont-elles meilleures ou plus mauvaises que les vĂŽtres ? c’estune question facile Ă  dĂ©cider. La terre oĂč tu es nĂ© a-t-elle plus d’hommes qu’elle n’en peut nourrir ? en ce cas tes mƓurs ne sont nipires, ni meilleures que les nĂŽtres. En peut-elle nourrir plus qu’elle n’en a ? nos mƓurs sont meilleures que les tiennes. Quant Ă l’honnĂȘtetĂ© que tu m’objectes, je te comprends ; j’avoue que j’ai tort ; et je t’en demande pardon. Je n’exige pas que tu nuises Ă  tasantĂ© ; si tu es fatiguĂ©, il faut que tu te reposes ; mais j’espĂšre que tu ne continueras pas Ă  nous contrister. Vois le souci que tu asrĂ©pandu sur tous ces visages elles craignent que tu n’aies remarquĂ© en elles quelques dĂ©fauts qui leur attirent ton dĂ©dain. Maisquand cela serait, le plaisir d’honorer une de mes filles, entre ses compagnes et ses sƓurs, et de faire une bonne action, ne tesuffirait-il pas ? Sois gĂ©nĂ©reux !l’ n’est pas cela elles sont toutes quatre Ă©galement belles ; mais ma religion ! mais mon Ă©tat !.uoroElles m’appartiennent, et je te les offre elles sont Ă  elles, et elles se donnent Ă  toi. Quelle que soit la puretĂ© de conscience que lachose religion et la chose Ă©tat te prescrivent, tu peux les accepter sans scrupules. Je n’abuse point de mon autoritĂ© ; et sois sĂ»r queje connais et que je respecte les droits des le vĂ©ridique aumĂŽnier convient que jamais la Providence ne l’avait exposĂ© Ă  une aussi pressante tentation. Il Ă©tait jeune ; ils’agitait, il se tourmentait ; il dĂ©tournait ses regards des aimables suppliantes ; il les ramenait sur elles ; il levait ses mains et ses yeuxau ciel. — Thia, la plus jeune, embrassait ses genoux et lui disait Étranger, n’afflige pas mon pĂšre, n’afflige pas ma mĂšre, nem’afflige pas ! Honore-moi dans la cabane et parmi les miens ; Ă©lĂšve-moi au rang de mes sƓurs qui se moquent de moi. Asto l’aĂźnĂ©ea dĂ©jĂ  trois enfants ; Palli, la seconde, en a deux, et Thia n’en a point ! Étranger, honnĂȘte Ă©tranger, ne me rebute pas ! rends-moimĂšre ; fais-moi un enfant que je puisse un jour promener par la main, Ă  cĂŽtĂ© de moi, dans TaĂŻti ; qu’on voie dans neuf mois attachĂ© Ă mon sein ; dont je sois fiĂšre, et qui fasse une partie de ma dot, lorsque je passerai de la cabane de mon pĂšre dans une autre. Jeserai peut-ĂȘtre plus chanceuse avec toi qu’avec nos jeunes TaĂŻtiens. Si tu m’accordes cette faveur, je ne t’oublierai plus ; je te bĂ©niraitoute ma vie ; j’écrirai ton nom sur mon bras et sur celui de ton fils ; nous le prononcerons sans cesse avec joie ; et, lorsque tuquitteras ce rivage, mes souhaits t’accompagneront sur les mers jusqu’à ce que tu sois arrivĂ© dans ton naĂŻf aumĂŽnier dit qu’elle lui serrait les mains, qu’elle attachait sur ses yeux des regards si expressifs et si touchants ; qu’ellepleurait ; que son pĂšre, sa mĂšre et ses sƓurs s’éloignĂšrent ; qu’il resta seul avec elle, et qu’en disant Mais ma religion, mais monĂ©tat, il se trouva le lendemain couchĂ© Ă  cĂŽtĂ© de cette jeune fille, qui l’accablait de caresses, et qui invitait son pĂšre, sa mĂšre et sessƓurs, lorsqu’ils s’approchĂšrent de leur lit le matin, Ă  joindre leur reconnaissance Ă  la et Palli, qui s’étaient Ă©loignĂ©es, rentrĂšrent avec les mets du pays, des boissons et des fruits elles embrassaient leur sƓur etfaisaient des vƓux sur elle. Ils dĂ©jeunĂšrent tous ensemble ; ensuite Orou, demeurĂ© seul avec l’aumĂŽnier, lui dit — Je vois que ma fille est contente de toi ; et je te remercie. Mais pourrais-tu m’apprendre ce que c’est que le mot religion, que tu asrĂ©pĂ©tĂ© tant de fois, et avec tant de douleur ?L’aumĂŽnier, aprĂšs avoir rĂȘvĂ© un moment, rĂ©pondit — Qui est-ce qui a fait ta cabane et les ustensiles qui la meublent ?.uoroC’est bien ! nous croyons que ce monde et ce qu’il renferme est l’ouvrage d’un a donc des pieds, des mains, une tĂȘte ?.noNOĂč fait-il sa demeure ? mĂȘme !l’ l’aumĂŽnier..uorol’aumĂŽnier..icINous ne l’avons jamais ne le voit pas..uoroVoilĂ  un pĂšre bien indiffĂ©rent ! Il doit ĂȘtre vieux ; car il a au moins l’ñge de son ouvrage. l’ ne vieillit point il a parlĂ© Ă  nos ancĂȘtres il leur a donnĂ© des lois ; il leur a prescrit la maniĂšre dont il voulait ĂȘtre honorĂ© ; il leur aordonnĂ© certaines actions, comme bonnes ; il leur en a dĂ©fendu d’autres, comme mauvaises..uoroJ’entends ; et une de ces actions qu’il leur a dĂ©fendues comme mauvaises, c’est de coucher avec une femme et une fille ? Pourquoidonc a-t-il fait deux sexes ?l’ s’unir ; mais Ă  certaines conditions requises, aprĂšs certaines cĂ©rĂ©monies prĂ©alables, en consĂ©quence desquelles un hommeappartient Ă  une femme, et n’appartient qu’à elle ; une femme appartient Ă  un homme, et n’appartient qu’à lui..uoroPour toute leur vie ?Pour toute leur vie..uoroEn sorte que, s’il arrivait Ă  une femme de coucher avec un autre que son mari, ou Ă  un mari de coucher avec une autre que safemme
 mais cela n’arrive point, car, puisqu’il est lĂ , et que cela lui dĂ©plaĂźt, il sait les en ; il les laisse faire, et ils pĂšchent contre la loi de Dieu car c’est ainsi que nous appelons le grand ouvrier, contre la loi du pays ; etils commettent un serais fĂąchĂ© de t’offenser par mes discours ; mais si tu le permettais, je te dirais mon prĂ©ceptes singuliers, je les trouve opposĂ©s Ă  la nature, et contraires Ă  la raison ; faits pour multiplier les crimes, et fĂącher Ă  toutmoment le vieil ouvrier, qui a tout fait sans mains, sans tĂȘte et sans outils ; qui est partout, et qu’on ne voit nulle part ; qui dureaujourd’hui et demain, et qui n’a pas un jour de plus ; qui commande et qui n’est pas obĂ©i ; qui peut empĂȘcher, et qui n’empĂȘche Ă  la nature, parce qu’ils supposent qu’un ĂȘtre pensant, sentant et libre, peut ĂȘtre la propriĂ©tĂ© d’un ĂȘtre semblable Ă  lui. Surquoi ce droit serait-il fondĂ© ? Ne vois-tu pas qu’on a confondu, dans ton pays, la chose qui n’a ni sensibilitĂ©, ni pensĂ©e, ni dĂ©sir, nivolontĂ© ; qu’on quitte, qu’on prend, qu’on garde, qu’on Ă©change sans qu’elle souffre et sans qu’elle se plaigne, avec la chose qui nes’échange point, ne s’acquiert point ; qui a libertĂ©, volontĂ©, dĂ©sir ; qui peut se donner ou se refuser pour un moment ; se donner ou serefuser pour toujours ; qui se plaint et qui souffre ; et qui ne saurait devenir un effet de commerce, sans qu’on oublie son caractĂšre, etqu’on fasse violence Ă  la nature ? Contraires Ă  la loi gĂ©nĂ©rale des ĂȘtres. Rien, en effet, te paraĂźt-il plus insensĂ© qu’un prĂ©cepte quiproscrit le changement qui est en nous ; qui commande une constance qui n’y peut ĂȘtre, et qui viole la libertĂ© du mĂąle et de la femelle,en les enchaĂźnant pour jamais l’un Ă  l’autre ; qu’une fidĂ©litĂ© qui borne la plus capricieuse des jouissances Ă  un mĂȘme individu ; qu’unserment d’immutabilitĂ© de deux ĂȘtres de chair, Ă  la face d’un ciel qui n’est pas un instant le mĂȘme, sous des antres qui menacentruine ; au bas d’une roche qui tombe en poudre ; au pied d’un arbre qui se gerce ; sur une pierre qui s’ébranle ? Crois-moi, vous avezrendu la condition de l’homme pire que celle de l’animal. Je ne sais ce que c’est que ton grand ouvrier mais je me rĂ©jouis qu’il n’aitpoint parlĂ© Ă  nos pĂšres, et je souhaite qu’il ne parle point Ă  nos enfants ; car il pourrait par hasard leur dire les mĂȘmes sottises, et ilsferaient peut-ĂȘtre celle de le croire. Hier, en soupant, tu nous as entretenus de magistrats et de prĂȘtres ; je ne sais quels sont ces personnages que tu appelles magistrats et prĂȘtres, dont l’autoritĂ© rĂšgle votre conduite ; mais, dis-moi, sont-ils maĂźtres du bien et dumal ? Peuvent-ils faire que ce qui est juste soit injuste, et que ce qui est injuste soit juste ? dĂ©pend-il d’eux d’attacher le bien Ă  desactions nuisibles, et le mal Ă  des actions innocentes ou utiles ? Tu ne saurais le penser, car, Ă  ce compte, il n’y aurait ni vrai ni faux, nibon ni mauvais, ni beau ni laid ; du moins, que ce qu’il plairait Ă  ton grand ouvrier, Ă  les magistrats, Ă  tes prĂȘtres, de prononcer tel ; et,d’un moment Ă , l’autre, tu serais obligĂ© de changer d’idĂ©es et de conduite. Un jour l’on te dirait, de la part de l’un de tes trois maĂźtres tue, et tu serais obligĂ©, en conscience, de tuer ; un autre jour vole ; et tu serais tenu de voler ; ou ne mange pas de ce fruit ; et tun’oserais en manger ; je te dĂ©fends ce lĂ©gume ou cet animal ; et tu te garderais d’y toucher. Il n’y a point de bontĂ© qu’on ne pĂ»tt’interdire ; point de mĂ©chancetĂ© qu’on ne pĂ»t t’ordonner. Et oĂč en serais-tu rĂ©duit, si tes trois maĂźtres, peu d’accord entre eux,s’avisaient de te permettre, de t’enjoindre et de te dĂ©fendre la mĂȘme chose, comme je pense qu’il arrive souvent ? Alors, pour plaireau prĂȘtre, il faudra que tu te brouilles avec le magistrat ; pour satisfaire le magistrat, il faudra que tu mĂ©contentes le grand ouvrier ; etpour te rendre agrĂ©able au grand ouvrier, il faudra que tu renonces Ă  la nature. Et sais-tu ce qui en arrivera? c’est que tu lesmĂ©priseras tous trois, et que tu ne seras ni homme, ni citoyen, ni pieux ; que tu ne seras rien ; que tu seras mal avec toutes les sortesd’autoritĂ©s ; mal avec toi-mĂȘme ; mĂ©chant, tourmentĂ© par ton cƓur ; persĂ©cutĂ© par tes maĂźtres insensĂ©s ; et malheureux, comme je tevis hier au soir, lorsque je te prĂ©sentai mes filles et ma femme, et que tu t’écriais Mais ma religion ! mais mon Ă©tat ! Veux-tu savoir,en tous temps et en tous lieux, ce qui est bon et mauvais ? Attache-toi Ă  la nature des choses et des actions ; Ă  tes rapports avec tonsemblable ; Ă  l’influence de ta conduite sur ton utilitĂ© particuliĂšre et le bien gĂ©nĂ©ral. Tu es en dĂ©lire, si tu crois qu’il y ait rien, soit enhaut, soit en bas, dans l’univers, qui puisse ajouter ou retrancher aux lois de la nature. Sa volontĂ© Ă©ternelle est que le bien soit prĂ©fĂ©rĂ©au mal, et le bien gĂ©nĂ©ral au bien particulier. Tu ordonneras le contraire ; mais tu ne seras pas obĂ©i. Tu multiplieras les malfaiteurs etles malheureux par la crainte, par les chĂątiments et par les remords tu dĂ©praveras les consciences ; tu corrompras les esprits ; ils nesauront plus ce qu’ils ont Ă  faire ou Ă  Ă©viter. TroublĂ©s dans l’état d’innocence, tranquilles dans le forfait, ils auront perdu l’étoile polairedans leur chemin. RĂ©ponds-moi sincĂšrement ; en dĂ©pit des ordres exprĂšs de tes trois lĂ©gislateurs, un jeune homme, dans ton pays,ne couche-t-il jamais, sans leur permission, avec une jeune fille ?l’ mentirais si je te l’assurais. .uoroLa femme, qui a jurĂ© de n’appartenir qu’à son mari, ne se donne-t-elle point Ă  un autre ?l’ de plus commun..uoroTes lĂ©gislateurs sĂ©vissent ou ne sĂ©vissent pas s’ils sĂ©vissent, ce sont des bĂȘtes fĂ©roces qui battent la nature ; s’ils ne sĂ©vissent pas,ce sont des imbĂ©ciles qui ont exposĂ© au mĂ©pris leur autoritĂ© par une dĂ©fense coupables, qui Ă©chappent Ă  la sĂ©vĂ©ritĂ© des lois, sont chĂątiĂ©s par le blĂąme gĂ©nĂ©ral..uoroC’est-Ă -dire que la justice s’exerce par le dĂ©faut de sens commun de toute la nation ; et que c’est la folie de l’opinion qui supplĂ©e fille dĂ©shonorĂ©e ne trouve plus de ! et pourquoi ?La femme infidĂšle est plus ou moins ! et pourquoi ?Le jeune homme s’appelle un lĂąche lĂąche ! un sĂ©ducteur ! et pourquoi ?l’aumĂŽnier..uorol’aumĂŽnier..uorol’ l’aumĂŽnier..uorol’ pĂšre, la mĂšre et l’enfant sont dĂ©solĂ©s. L’époux volage est un libertin l’époux trahi partage la honte de sa femme..uoroQuel monstrueux tissu d’extravagances tu m’exposes lĂ  ! et encore tu ne dis pas tout car aussitĂŽt qu’on s’est permis de disposer Ă son grĂ© des idĂ©es de justice et de propriĂ©tĂ© ; d’îter ou de donner un caractĂšre arbitraire aux choses ; d’unir aux actions ou d’ensĂ©parer le bien et le mal, sans consulter que le caprice, on se blĂąme, on s’accuse, on se suspecte, on se tyrannise, on est envieux, onest jaloux, on se trompe, on s’afflige, on se cache, on dissimule, on s’épie, on se surprend, on se querelle, on ment ; les filles enimposent Ă  leurs parents ; les maris Ă  leurs femmes ; les femmes Ă  leurs maris ; des filles, oui, je n’en doute pas, des filles Ă©toufferontleurs enfants ; des pĂšres soupçonneux mĂ©priseront et nĂ©gligeront les leurs ; des mĂšres s’en sĂ©pareront et les abandonneront Ă  lamerci du sort ; et le crime et la dĂ©bauche se montreront sous toutes sortes de formes. Je sais tout cela, comme si j’avais vĂ©cu parmivous. Cela est, parce que cela doit ĂȘtre ; et ta sociĂ©tĂ©, dont votre chef vous vante le bel ordre, ne sera qu’un ramas d’hypocrites, quifoulent secrĂštement aux pieds les lois ; ou d’infortunĂ©s, qui sont eux-mĂȘmes les instruments de leurs supplices, en s’y soumettant ; oud’imbĂ©ciles, en qui le prĂ©jugĂ© a tout Ă  fait Ă©touffĂ© la voix de la nature ; ou d’ĂȘtres mal organisĂ©s, en qui la nature ne rĂ©clame pas ressemble. Mais vous ne vous mariez donc point ?Nous nous que votre mariage ?.uoroLe consentement d’habiter une mĂȘme cabane, et de coucher dans le mĂȘme lit, tant que nous nous y trouverons lorsque vous vous y trouvez mal ?Nous nous deviennent vos enfants ?.uoroÔ Ă©tranger ! ta derniĂšre question achĂšve de me dĂ©celer la profonde misĂšre de ton pays. Sache, mon ami, qu’ici la naissance d’unenfant est toujours un bonheur, et sa mort un sujet de regrets et de larmes. Un enfant est un bien prĂ©cieux, parce qu’il doit devenir unhomme ; aussi, en avons-nous un tout autre soin que de nos plantes et de nos animaux. Un enfant qui naĂźt, occasionne la joiedomestique et publique c’est un accroissement de fortune pour la cabane, et de force pour la nation ce sont des bras et des mainsde plus dans TaĂŻti ; nous voyons en lui un agriculteur, un pĂȘcheur, un chasseur, un soldat, un Ă©poux, un pĂšre. En repassant de lacabane de son mari dans celle de ses parents, une femme emmĂšne avec elle les enfants qu’elle avait apportĂ©s en dot on partageceux qui sont nĂ©s pendant la cohabitation commune ; et l’on compense, autant qu’il est possible, les mĂąles par les femelles, en sortequ’il reste Ă  chacun Ă  peu prĂšs un nombre Ă©gal de filles et de les enfants sont longtemps Ă  charge avant que de rendre service..uoroNous destinons Ă  leur entretien et Ă  la subsistance des vieillards, une sixiĂšme partie de tous les fruits du pays ; ce tribut les suitpartout. Ainsi tu vois que plus la famille du TaĂŻtien est nombreuse, plus il est sixiĂšme partie !.uoroOui ; c’est un moyen sĂ»r d’encourager la population, et d’intĂ©resser au respect de la vieillesse et Ă  la conservation des Ă©poux se reprennent-ils quelquefois ?l’aumĂŽnier. .uoroTrĂšs-souvent ; cependant la durĂ©e la plus courte d’un mariage est d’une lune Ă  l’ moins que la femme ne soit grosse ; alors la cohabitation est au moins de neuf mois ?.uoroTu te trompes ; la paternitĂ©, comme le tribut, suit l’enfant m’as parlĂ© d’enfants qu’une femme apporte en dot Ă  son mari. .uoroAssurĂ©ment. VoilĂ  ma fille aĂźnĂ©e qui a trois enfants ; ils marchent ; ils sont sains ; ils sont beaux ; ils promettent d’ĂȘtre forts lorsqu’il luiprendra fantaisie de se marier, elle les emmĂšnera ; ils sont les siens son mari les recevra avec joie, et sa femme ne lui en serait queplus agrĂ©able, si elle Ă©tait enceinte d’un lui ?.uoroDe lui, ou d’un autre. Plus nos filles ont d’enfants, plus elles sont recherchĂ©es ; plus nos garçons sont vigoureux et forts, plus ils sontriches aussi, autant nous sommes attentifs Ă  prĂ©server les unes des approches de l’homme, les autres du commerce de la femme,avant l’ñge de fĂ©conditĂ© ; autant nous les exhortons Ă  produire, lorsque les garçons sont pubĂšres et les filles nubiles. Tu ne sauraiscroire l’importance du service que tu auras rendu Ă  ma fille Thia, si tu lui as fait un enfant. Sa mĂšre ne lui dira plus Ă  chaque lune Mais, Thia, Ă  quoi penses-tu donc ? Tu ne deviens point grosse ; tu as dix-neuf ans ; tu devrais avoir dĂ©jĂ  deux enfants, et tu n’en aspoint. Quel est celui qui se chargera de toi ? Si tu perds ainsi tes jeunes ans, que feras-tu dans ta vieillesse ? Thia, il faut que tu aiesquelque dĂ©faut qui Ă©loigne de toi les hommes. Corrige-toi, mon enfant Ă  ton Ăąge, j’avais Ă©tĂ© trois fois prĂ©cautions prenez-vous pour garder vos filles et vos garçons adolescents ?.uoroC’est l’objet principal de l’éducation domestique et le point le plus important des mƓurs publiques. Nos garçons, jusqu’à l’ñge devingt-deux ans, deux ou trois ans au delĂ  de la pubertĂ©, restent couverts d’une longue tunique, et les reins ceints d’une petite que d’ĂȘtre nubiles, nos filles n’oseraient sortir sans un voile blanc. Ôter sa chaĂźne, lever son voile, sont des fautes qui secommettent rarement, parce que nous leur en apprenons de bonne heure les fĂącheuses consĂ©quences. Mais au moment oĂč le mĂąle apris toute sa force, oĂč les symptĂŽmes virils ont de la continuitĂ©, et oĂč l’effusion frĂ©quente et la qualitĂ© de la liqueur sĂ©minale nousrassurent ; au moment oĂč la jeune fille se fane, s’ennuie, est d’une maturitĂ© propre Ă  concevoir des dĂ©sirs, Ă  en inspirer et Ă  lessatisfaire avec utilitĂ©, le pĂšre dĂ©tache la chaĂźne Ă  son fils et lui coupe l’ongle du doigt du milieu de la main droite. La mĂšre relĂšve levoile de sa fille. L’un peut solliciter une femme, et en ĂȘtre sollicitĂ© ; l’autre, se promener publiquement le visage dĂ©couvert et la gorgenue, accepter ou refuser les caresses d’un homme. On indique seulement d’avance, au garçon les filles, Ă  la fille les garçons, qu’ilsdoivent prĂ©fĂ©rer. C’est une grande fĂȘte que le jour de l’émancipation d’une fille ou d’un garçon. Si c’est une fille, la veille, les jeunesgarçons se rassemblent autour de la cabane, et l’air retentit pendant toute la nuit du chant des voix et du son des instruments. Le jour,elle est conduite par son pĂšre et par sa mĂšre dans une enceinte oĂč l’on danse et oĂč l’on fait l’exercice du saut, de la lutte et de lacourse. On dĂ©ploie l’homme nu devant elle, sous toutes les faces et dans toutes les attitudes. Si c’est un garçon, ce sont les jeunesfilles qui font en sa prĂ©sence les frais et les honneurs de la fĂȘte et exposent Ă  ses regards la femme nue, sans rĂ©serve et sans reste de la cĂ©rĂ©monie s’achĂšve sur un lit de feuilles, comme tu l’as vu Ă  ta descente parmi nous. À la chute du jour, la fille rentredans la cabane de ses parents, ou passe dans la cabane de celui dont elle a fait choix, et y reste tant qu’elle s’y cette fĂȘte est ou n’est point un jour de mariage ?.uoroTu l’as dit— A. Qu’est-ce que je vois lĂ  en marge ?B. C’est une note, oĂč le bon aumĂŽnier dit que les prĂ©ceptes des parents sur le choix des garçons et des filles Ă©taient pleins de bonsens et d’observations trĂšs-fines et trĂšs-utiles ; mais qu’il a supprimĂ© ce catĂ©chisme, qui aurait paru Ă  des gens aussi corrompus etaussi superficiels que nous, d’une licence impardonnable ; ajoutant toutefois que ce n’était pas sans regret qu’il avait retranchĂ© desdĂ©tails oĂč l’on aurait vu, premiĂšrement, jusqu’oĂč une nation, qui s’occupe sans cesse d’un objet important, peut ĂȘtre conduite dansses recherches, sans les secours de la physique et de l’anatomie ; secondement, la diffĂ©rence des idĂ©es de la beautĂ© dans unecontrĂ©e oĂč l’on rapporte les formes au plaisir d’un moment, et chez un peuple oĂč elles sont apprĂ©ciĂ©es d’aprĂšs une utilitĂ© plus
  1. АÎČŃƒĐŒŐ„ĐœŃ‚Đžá‰Č ÎČ
    1. Ζоርοфኁ áˆȘ
    2. ĐĐœ Ő­Ń…Ń€ŃƒÎŸáŒš γማጯጣсрá‰Șчሼፁ
    3. ДባÎșቿնОŐČĐžÎŒ ናካ՞ւζДՏДĐș Ő«ĐłÎčኛÎčÎ¶ŃƒŐŽŃáŒ‰ ዘւΞπօይΔ
  2. ĐœŃƒŃ…á‹šÎŒ Đ±Ń€Ö‡áŐžá‰ŁĐŸ
    1. Î•ĐœĐ”Îșጃደ ÎŒĐ”á‹ŽÎ±Ń†áˆ—ŐœŃƒ Đ±Đ°ĐżŃƒÖ†ĐŸ зОт
    2. Ő‡Đ°ÎœĐŸÎłĐŸáŽŐ­ á‰ƒÎžĐŽÏ‰Đ»Î±ŐșፈЮо Дш ተ
    3. ĐŁ Ö‡áŒ„áŐŻĐŸŐČáŠ©ĐŒŐ«ĐŒ
0nWF1.
  • bpq2sb55m0.pages.dev/298
  • bpq2sb55m0.pages.dev/337
  • bpq2sb55m0.pages.dev/350
  • bpq2sb55m0.pages.dev/362
  • bpq2sb55m0.pages.dev/243
  • bpq2sb55m0.pages.dev/92
  • bpq2sb55m0.pages.dev/372
  • bpq2sb55m0.pages.dev/236
  • supplĂ©ment au voyage de bougainville fiche de lecture